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Carte scolaire : Les raisons d'un vote.

19 Avril 2013 , Rédigé par Daniel Lenoir Publié dans #édito

 

C'était annoncé ! Dans les deux derniers articles, j'indiquais que je souhaitais évoquer la question de l'école. Voilà donc maintenant  ma vision sur ce sujet.

Cette contribution était motivée par deux éléments de l'actualité. Le premier concerne les instances de concertation de cette vénérable institution qu'est l'éducation nationale. Le deuxième porte sur la question des rythmes scolaires.

Depuis 2001 je siège dans cette instance très particulière qu'est le CDEN (conseil départemental de l'éducation nationale). Fin mars, nous étions donc convoqués pour étudier (le mot est un peu fort... vous comprendrez pourquoi) les ouvertures et fermetures de classes sur le département de la Mayenne. Cette séance de printemps n'a pas failli à la tradition... Il s'agit d'un lieu très étonnant ! Il concentre quasiment tous les stéréotypes de la gestion administrée et archaïque d'un service public. Comme je le disais, c'est l'endroit où en théorie, mais en théorie seulement, nous devons valider l'organisation de l'éducation nationale dans le département. Nous y débattons donc des ouvertures et fermetures de classes du 1er degré et de la répartition des moyens pour le second degré. Jusque là, rien de plus normal. Mais sa particularité  est ailleurs. D'abord, nous avons à y subir à chaque fois, la lecture de nombreuses déclarations écrites venant souvent des syndicats d'enseignants  (ils sont quatre...) ou bien des représentants des parents, ou bien encore du DDEN (délégué départemental de l'éducation nationale) et même de certains élus. J'ai beau participer de manière assidue et sage à cette instance, je ne comprends toujours pas pourquoi tous ces partenaires s'évertuent à faire ces grandes déclarations dans une enceinte où seuls les murs semblent avoir une oreille attentive. Pas un mot, pas une phrase de ce qui y est dit, ne sort sur la place publique. Tout cela reste très confidentiel. C'est sans doute la tradition !

Mais ce CDEN n'a pas que cette originalité. C'est aussi un lieu où vous pouvez prendre la position que vous voulez, cela ne change rien à la décision finale. Comme il se doit, le Préfet, ou la Préfète, met les propositions de l'Inspection académique au vote de l'assemblée qui, quasi systématiquement émet un avis contraire, ou au mieux, vote une majorité d'abstentions. Mais la décision revient à la direction d'académie. Ce qui donne, vous en conviendrez,  une certaine idée de la démocratie !

2013, un infléchissement.

Depuis plusieurs années, nous étions habitués à ce que le nombre de fermetures de classes  dans les maternelles et le primaire soit très nettement supérieur à celui des ouvertures, sans que  les effectifs globaux des élèves mayennais ne baissent en proportion. Ceci m'avait d'ailleurs amené plusieurs années de suite à exprimer au moins une abstention, voire même des votes contre ces propositions qui impactaient sérieusement la qualité des services scolaires, en particulier dans nos secteurs ruraux.

De ce point de vue, 2013 connait en effet un tournant. Si le nombre de fermetures reste supérieur aux ouvertures de classes, le nombre de postes d'enseignants sur le département progresse de huit. Ces moyens seront bien utiles. Ils viendront dans certains cas en renfort sur des secteurs en difficulté. Ce sera le cas sur Villaines-la-Juhel, puisqu'un poste sera créé pour une intervention hors classe, de 75% auprès de l'école publique de Villaines-la-Juhel et 25% pour celle de Gesvres. Oh j'ai bien conscience que cela vient compenser la suppression du poste de RASED (réseau d'aide spécialisée aux élèves en difficulté) qui est intervenue l'année dernière, mais au moins, il existe et je m'en réjouis. Ce sont tous ces éléments qui m'ont amené à voter favorablement pour les propositions de la directrice d'académie, même si je me suis retrouvé bien seul sur cette position. Je ne regrette rien, bien au contraire. Je trouve même un peu curieux que certains autres élus ne se soient pas rangés à cette idée qui met en avant l'effort gouvernemental en direction de l'éducation.

Le deuxième sujet porte donc sur les rythmes scolaires. Là, nous sommes au bal des faux culs !

Tout cela devait bien se passer. Les parents étaient pour une demi-journée supplémentaire, les enseignants aussi. Les élus acceptaient  cette nouvelle répartition du temps. Bref ! Il n'y avait qu'à la mettre en place. Et puis, patatras, il aura suffit d'une hésitation du Président de la république devant les maires, d'un délai offert par le ministre de l'éducation nationale aux protagonistes pour l'année de mise en place de ce changement, pour que tout devienne compliqué. Le résultat est affligeant. Moins d'un tiers des écoles vont passer aux neuf demi journée en 2013. Les autres faisant le choix d'un passage en 2014, à moins qu'il s'agisse d'un délai que certains pensent pouvoir mettre à profit pour faire totalement capoter le projet.

Là encore, certaines positions sont surprenantes et bien peu courageuses. Nous avons quant à nous, toujours exprimé le même soutien à cette réforme alors que nous sommes sans doute une des institutions les plus impactées avec le transport scolaire. Nous avons plaidé pour que le passage se fasse simultanément et dès cette année 2013. Nous n'avons été que partiellement entendus, même si la Mayenne se distingue par un taux bien supérieur à la moyenne nationale, avec près de 50 % des écoles qui passent à la semaine des 4,5 jours.

Bien sûr, cette nouvelle forme d'organisation n'est pas très simple à mettre en oeuvre dans les territoires ruraux. Elle est même carrément compliquée là où les classes sont éparpillées au sein d'un même RPI. Mais ne dit-on pas depuis longtemps que tout en défendant le maintien des moyens en enseignants dans nos écoles et en particulier dans les RPI, il faut réfléchir au regroupement géographique des élèves sur un seul site ? Nous le voyons bien avec cette nouvelle organisation. Il est beaucoup facile de prendre en charge cet accompagnement péri scolaire si tous les élèves sont au même endroit. Préparer l'avenir c'est aussi penser à tout cela. Pourtant, je vois encore des lieux où, alors que chacun s'accorde à dire que le maintien des classes est incertain pour les prochaines années, ni élus, ni parents, n'acceptent d'imaginer un regroupement qui garantirait durablement un bon fonctionnement de l'école et de ce qui va autour. Il y a donc encore beaucoup à faire. Et croyez-le bien, c'est un défenseur de l'école rurale qui vous le dit ! Dans cette affaire, je refuse que nous subissions les fermetures de classe, comme cela se fait trop souvent. Je plaide ardemment pour une vraie anticipation, même si je sais qu'elle peut se heurter à l'administration ou aux habitudes. C'est la seule solution qui nous permette d'envisager un bel avenir à nos territoires parce que la formation de nos enfants est essentielle et qu'elle n'a aucune raison d'avoir du retard sur celle des enfants des villes.

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