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Regard critique sur la situation financière de la CCMA

29 Février 2024 , Rédigé par Daniel Lenoir

Les comptes administratifs de la communauté de communes du mont des avaloirs viennent d'être présentés, comme il se doit et comme chaque année en février.

C'est souvent un exercice qui passe inaperçu dans les collectivités, la presse préférant s'intéresser aux projets présentés pour l'année à venir.

Pourtant, l'examen du compte administratif, autrement dit le résultat de gestion de l'année passée mérite que l'on s'y arrête un peu.

C'est en tout cas ce que je vous propose dans cet article en essayant d'être le plus pédagogue possible.

Pour la deuxième année consécutive, la CCMA présente un excédent extrêmement faible au regard des dépenses engagées et en comparaison avec les résultats d'autres collectivités.

Le montant global des dépenses de fonctionnement ( charges à caractère général, charges de personnel et charges de gestion courante) s'élève à 10 217 389 €.

C'est sensiblement égal aux dépenses de l'année 2022, mais c'est nettement plus élevé que ce que nous connaissions jusqu'en 2019/2020 puisque le montant des mêmes dépenses de fonctionnement en 2019 par exemple ne dépassait pas les 8,6 millions d'euros.

Le saut est assez vertigineux puisque l'augmentation s'élève à  1 700 000 € et quasiment toutes les rubriques sont impactées par ce dérapage des dépenses. Mais une est particulièrement concernée : c'est la rubrique des dépenses de personnel qui étaient à 3 784 387 € en 2020 et sont maintenant à 4 262 192 € soit + 477 805 €.

Assez étonnant et même inquiétant quand on sait que notre propre collectivité de Villaines la Juhel n'a progressé que de 85 000 € pour un effectif moitié moins important que celui de la CCMA.

Cette explosion des dépenses de fonctionnement portent un nom : c'est un dérapage !

Or, le vice-président qui est maintenant en charge du personnel, Loïc de poix  n'avait de cesse au mandat précédent  de nous rappeler qu'il fallait être vigilants sur ce poste de dépenses.

Nous l'avons été pendant les 6 années sous ma responsabilité, mais visiblement il ne s'applique pas à lui-même les mêmes contraintes...

L'autre aspect qui peut attirer l'attention de tout observateur des finances publiques, ce sont les dépenses d'investissement.

Et là, ce n'est pas la même trajectoire. C'est le moins que l'on puisse dire. De ce côté là, c'est un véritable effondrement.

De 2014 à 2019, nous avons eu un très grand nombre de projets et de réalisations dont chacun peut bénéficier aujourd'hui.

Je peux  faire la liste des investissements les plus importants :

Il y a eu la maison médicale de Pré en Pail, celle de Saint Pierre des Nids, la gendarmerie de Pré en Pail, la couverture de la piscine de Villaines la Juhel, le moulin de Cordouen à Saint Calais du désert, le soutien financier de la commune de Javron les Chapelles pour sa salle de sport, à hauteur de 400 000 € et je passe bon nombre d'autres investissements qui nous faisaient investir, bon an mal an, entre 4 et 5 millions d'euros chaque année avec énormément de subventions obtenues.

J'ajoute que plusieurs de ces équipements nouveaux sont "productifs" et génèrent environ 170 000 € par an de loyer.

Eh bien, tenez vous bien, le montant de dépenses d'investissement pour la CCMA s'élève en 2023 à 880 000 € dont 121 000 € d'études et 160 000 € en subventions à des organismes privés ou aux communes.

Autrement dit : Rien, pour une collectivité de cette dimension. Même un domaine qui devrait pourtant attirer l'attention de tout élu local, comme la voirie, n'a reçu que 42816 €. C'est 8 à 10 fois moins que ce que nous consacrions pour maintenir les 600 Km de routes communales en bon état.
Or, chacun sait que investir si peu dans la voirie, c'est prendre le risque de devoir intervenir beaucoup plus fortement dans les années à venir parce qu'une chaussée que l'on laisse se dégrader, devient rapidement parsemée de nids de poules ou de fissures et que le coût d'intervention pour réparer est sans commune mesure avec la dépense qui aurait été nécessaire au bon moment.

Voilà des chiffres et des constats qui m'étonnent et qui m'inquiètent. 

Bien sûr, je pourrais rester sagement dans mon fauteuil et ne faire aucun commentaire sur cette situation.

Ce n'est pas mon sens des responsabilités. J'ai aimé ce que j'ai fait avec une bonne équipe d'élus et d'agents. J'y ai consacré beaucoup de temps et d'énergie. J'aime ce territoire que je continue de servir à un niveau moindre.

Alors, j'alerte.

Tout le monde s'accorde pour dire que la collectivité fonctionnait bien et avait développé de nombreux projets.

Elle avait une image positive par son caractère novateur et la bonne entente qui régnait.

Je ne reviens pas là sur ce qui a conduit à ces bouleversements ( j'y reviendrai un jour, parce que les choses doivent être dites...), mais je déplore et je ne suis pas le seul, cette ambiance devenue délétère et ces résultats préoccupants.

Telle est ma liberté de parole que personne ne pourra m'ôter.

Je reviendrai donc prochainement sur la situation des budgets des déchets, de l'eau potable et de l'assainissement qui méritent aussi que l'on s'y arrête un peu.

Les explications que j'apporterai répondront peut-être à des questions que vous vous posez sur ces décisions douloureuses qui ont été prises à 'automne dernier et celles, non moins préoccupantes qui viennent d'être prises au dernier conseil communautaire de février.

 

 

 

 

 

 

 

 

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On marche sur la tête !

25 Février 2024 , Rédigé par Daniel Lenoir

La formule est sur toutes les lèvres, pourvu qu'une mesure paraisse trop administrative ou qu'une norme soit trop contraignante ou encore, tout simplement, que la décision à laquelle nous sommes confrontés ne nous convienne pas. 

Elle est assez facile, cette formule. Peut-être trop facile même.

Depuis qu'elle est apparue au travers du mouvement des agriculteurs retourneurs de panneaux, je l'ai trouvée un peu simpliste et finalement assez populiste.

Parce qu'en effet, tout ne tourne pas rond. C'est l'évidence, mais cette manière péremptoire qui consiste à tout jeter comme on jette le bébé avec l'eau du bain, ne répond pas à grand chose face aux problématiques que l'on veut dénoncer.

Cela n'est pas très étonnant qu'une telle formule ait pu recevoir un tel écho.

Elle peut convenir à beaucoup de monde, même si chacun met des choses différentes, voire contradictoires dans ce qu'il veut dénoncer.

Depuis le début de ces manifestations de retournement de panneaux, j'ai été tenté de dire ce que j'en pensais. 

Eh puis, les panneaux de Villaines la Juhel n'étant pas concernés, je me suis abstenu.

Mais aujourd'hui, au lendemain de l'ouverture du salon de l'agriculture qui a connu une agitation sans précédent, je dis : " oui on marche sur la tête". Et il est temps que le monde agricole s'en rende compte avant de se laisser embarquer dans une campagne politique qui dit de plus en plus son nom.

Oui, il y en a qui marche sur la tête en suivant les revendications dont l'instigateur n'est autre que le Rassemblement National.

Dénoncer l'Europe, dénoncer la politique agricole commune, en soutenant l'extrême droite, c'est comme se tirer une balle dans le pied quand on est agriculteur.

Le paradoxe est tel que d'un côté, vous avez un syndicat représenté par un agro business man dont l'activité du groupe est particulièrement liée au libre échange et aux exportations, mais qui doit courir après "la base", influencée par les démagogues du RN et de la coordination rurale pour réclamer du protectionnisme à tout va. Et de l'autre des paysans, sincères ceux-là, qui connaissent de vraies difficultés mais n'arrivent pas à infléchir la politique agricole.

Alors évidemment, il faut trouver des boucs émissaires et l'Europe et les normes sont idéales pour cela.

Le Président Macron ne s'est pas trompé sur ce sujet dans le débat improvisé d'hier et dans ses déclarations.

Il y a bien sûr des dispositions à prendre. Très probablement que l'application de certaines mesures réglementaires méritent d'être regardées. J'ai moi-même des exemples.

mais il ne ne faut pas se tromper de combat et ne pas jouer les candides.

Ce mouvement du monde agricole n'a pas grand chose de spontané.

Je garde en mémoire ce qu'écrivait le président de la Chambre d'agriculture de la Mayenne quinze jours avant le début du mouvement : "Les situations financières des exploitations sont bonnes depuis 2021".

Le Président l'a rappelé hier au salon de l'agriculture. Et c'est heureux.

Il faut donc plutôt chercher les raisons de la montée de ces manifestations dans une volonté d'agitation qui prend appui, certes sur des difficultés passagères ou durables, c'est selon, à quelques mois d'une élection essentielle pour l'agriculture et tout autant fondamentale pour l'avenir de notre continent.

Oui, c'est un comble, mais je ne vois pas de hasard aux remarques persistantes des interlocuteurs d'Emmanuel Macron hier qui insistaient lourdement sur la venue des céréales Ukrainiennes.

Je ne vois pas non plus de hasard à une dénonciation permanente de l'Europe portée par le RN et reprise par des paysans pourtant largement soutenus financièrement par cette même Europe quand on connait les imbrications Russes chez certains partis politiques Français et que l'on sait à quel point Poutine a envie de voir l'Europe s'affaiblir.

C'est donc une campagne d'une grande gravité qui s'annonce avec les élections Européennes.

A ce titre et puisque cela semble se confirmer avant même l'annonce officielle, je me réjouis de voir mon amie et ancienne collègue Valérie Hayer prendre la tête de ce combat pout l'Europe.

Je la félicite et l'encourage. 

La Mayenne est honorée par son engagement et je suis convaincu qu'elle mènera une campagne très combative et de grande qualité.

Beaucoup considèrent que ce combat est risqué parce qu'il préfigure ce qui pourrait se passer en 2027 aux Présidentielles en France.
Moi je vous dit que le danger il est maintenant. Le combat est essentiel parce que c'est la vie de l'Europe qui est en jeu dès maintenant et que le monde entier peut perdre beaucoup si cette construction si difficile se trouve entravée en son sommet par un ramassis de Nationalistes qui bien que  défendant des choses différentes dans chaque pays pourraient trouver le moyen de s'unir pour tout casser en Europe.

Alors, plutôt que de suivre ceux qui veulent vous faire croire que l'on marche sur la tête parce qu'effectivement, il y a bien des choses qui dysfonctionnent, je vous dit :

Ne marchez pas sur la tête, gardez les pieds sur terre et continuons d'avancer en préservant ce qui constitue notre bien commun le plus précieux : la paix et la démocratie.

C'est comme cela que le sort de chaque citoyen sera le mieux préservé et que des progrès pourront être obtenus.

 

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Missak et Mélinée MANOUCHIAN au Panthéon

21 Février 2024 , Rédigé par Daniel Lenoir

 

La France compte de grands hommes et de grandes femmes. Il peut s'agir de scientifiques, de littéraires, de politiques, et il peut s'agir aussi d'hommes et de femmes qui confrontés à l'insoutenable, ont accepté un combat et malheureusement souvent une sentence terrible en donnant leur vie.

C'est le cas de Missak et Mélinée MANOUCHIAN.

L'entrée au Panthéon est un geste absolument formidable de la part du Président de la République, d'autant qu'il fait entrer avec eux, tous leurs camarades de combat, tombés en même temps sous les balles des nazis il y a 80 ans.

Cette entrée rappelle d'abord le sacrifice de ces jeunes qui n'avaient pourtant qu'un espoir : vivre et construire un monde meilleur.

Mais il prend une signification beaucoup plus grande et terriblement d'actualité par l'origine et l'histoire des membres de ce groupe de résistants.

Ces hommes et ces femmes n'étaient pas Français. C'était d'ailleurs ce qui les rassemblait. Et pourtant ils sont "morts pour la France" comme le chante si bien Léo FERRE.

A la lumière des débats qui nous animent souvent maintenant, ces faits historiques si forts devraient rappeler  combien l'origine, la couleur de peau, le lieu de naissance n'enlèvent rien à la richesse de l'homme ou de la femme ni à la volonté de se battre contre toute forme d'exclusion, de ségrégation et de barbarie.

Missak MANOUCHIAN dit dans sa dernière lettre à son épouse Mélinée (lettre écrite en Français) : "Je suis sûr que le peuple Français et tous les combattants de la liberté sauront honorer notre mémoire dignement"

et il ajoute :" Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple Allemand"

Quel message posthume formidable !

Cette Panthéonisation nous baigne à nouveau dans ces souvenirs qui petit à petit, au fur et à mesure que le temps passe et que les témoins disparaissent s'estompent.

Sur le plan personnel elle me rappelle ma jeunesse de l'après guerre où nous chantions à tue tête ce texte d'ARAGON en écoutant FERRE. 

Il nous remuait les "tripes", nous qui avions 20 ans et l'espoir d'un monde meilleur.

L'histoire de ces Arméniens inconnus que la propagande nazi avait voulu diaboliser résonnait en nous comme une invitation à la lutte pour la liberté, pour la justice et pour la démocratie.

Plus de 50 ans plus tard, l'histoire semble vouloir bégayer.

Parce que la crise économique, les mouvements migratoires et maintenant la crise climatique font peur aux plus vulnérables. Alors, comme dans les années 30, la recherche d'un bouc émissaire, le repli sur soi apparaissent  comme des "solutions" lâchement utilisées par des manipulateurs qui n'ont pas grand chose à envier à ceux qui avaient fini par tenir les fusils contre "l'armée du crime" qui n'était pourtant rien d'autre qu'un groupe de jeunes épris de liberté, prêts à se battre au péril de leur vie contre la dictature.

Je sais que beaucoup de jeunes gens (et moins jeunes peut-être) découvrent l'histoire de ce couple qui entre aujourd'hui au Panthéon.

Le rappel de la mémoire et le travail pour l'histoire que nous faisons depuis longtemps en direction des jeunes des écoles et à l'occasion des cérémonies au monument, se trouve enrichi par ce moment de concorde nationale.

Nous pourrons et nous devrons maintenant le rappeler avec toute la force et la signification de l'entrée au Panthéon de deux "étrangers" morts pour la France.

 

 

 

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Retour sur un article paru en 2018

10 Février 2024 , Rédigé par Daniel Lenoir

En novembre 2018, je rédigeais cet article : Energie, un sujet à la mode et pour longtemps !

Je ne croyais pas si bien dire. J'"exhume" donc cet article qui près de 6 ans après, trouve encore plus sa signification. vous pourrez le lire à la suite.

La crise climatique s'est accentuée, rendant plus évident encore le rôle de l'humanité dans ce dé règlement à cause de l'utilisation des énergies fossiles. La guerre en Ukraine est arrivée, bouleversant quant à elle, les échanges entre les pays et nous condamnant à la recherche de solutions nouvelles pour plus d'autonomie énergétique.

Et pourtant, les mouvements de contestation, qu'il s'agisse des gilets jaunes ou de la mobilisation des agriculteurs ont démarré autour de cette question du coût de l'énergie. Et à chaque fois, le gouvernement a reculé, comprenant que la contrainte pour celles et ceux qui ont un besoin essentiel pour ne pas dire vital, de se déplacer ou de travailler était trop forte.

Voilà le dilemme auquel les dirigeants sont confrontés, mais c'est aussi le même dilemme pour chacune des catégories qui se sont mobilisées.

Le fait d'obtenir que la taxe carbone soit abandonnée, ou que le GNR pour les agriculteurs soit toujours détaxé, ne règle rien du problème de fond. Il donne simplement l'illusion que çà va mieux se passer, jusqu'au prochain épisode climatique violent ou jusqu'à la prochaine crise internationale qui nous couperait, par exemple de nos approvisionnements en carburant.

Or, celles et ceux qui seront touchés, j'utilise le futur et non le conditionnel, parce que je n'ai pas le moindre doute sur la survenance de ces événements un jour ou l'autre, ce sera encore et toujours les plus faibles, les plus dépendants et donc celles et ceux qui s'étaient déjà mobilisés.

Seul le courage politique permettra de sortir de ce cercle vicieux. Il est risqué, parce que les populistes veillent, mais il est pourtant la seule issue.

Energie, un sujet à la mode et pour longtemps !

18 Novembre 2018 , Rédigé par Daniel Lenoir

 

 

Cette question concerne évidemment chaque humain sur terre. Mais, difficile de dire que chacun est confronté au problème de la même manière.

 

L’émergence des fameux « gilets jaunes », couleur surprenante pour des manifestants alors qu’elle symbolise depuis des décennies les briseurs de grève, vient remettre la question de la dépendance à l’énergie au cœur des débats de la société.

 

L’approche de ce nouveau mouvement est à l’inverse de la quasi-totalité des discours actuels qui, de manière partagée s’accordent pour réduire cette addiction.

 

Elle fait fi des questions environnementales, c’est une évidence, mais elle fait fi aussi de toutes les logiques économiques qui conduisent à une incapacité à maintenir ce niveau de consommation sans impacter sérieusement le pouvoir d’achat et l’état de la planète.  

En effet, la raréfaction des ressources, les tensions internationales, les conséquences climatiques qu’il faudra bien corriger, nous amènent inexorablement vers une augmentation des tarifs des produits pétroliers.

 

Il faut donc admettre que l’ère de la voiture individuelle est derrière nous.

Peut-être sommes nous à son apogée et que cette perception commence à se faire sentir collectivement, générant une forme de panique pour toutes celles et tous ceux qui découvrent cette réalité sans avoir forcément les moyens de s’adapter rapidement.

 

En tout cas, cela nous donne une responsabilité. Une de plus !

 

Celle d’accompagner la population et je pense bien sûr à la population rurale, pour entrevoir une issue et surtout la préparer avec elle.

La mobilité était déjà depuis longtemps une préoccupation dans nos territoires ruraux, mais elle portait principalement sur les personnes isolées, n’ayant de véhicule ou ne pouvant plus conduire. Elle concerne maintenant de plus en plus une nouvelle catégorie. Celle des salariés aux horaires variables, aux emplois variables (intérim, missions courtes…) dont la dépendance à la voiture devient évidente sur le plan financier alors qu’elle était auparavant synonyme de liberté.

 

Il faut l’entendre. Mais il faut aussi être courageux et dire clairement que cette époque est révolue ou en passe de l’être.

 

Il y a 50 ans, nous ne circulions pas comme nous le faisons aujourd’hui. Dans 30 ans nous ne circulerons plus non plus comme nous circulons aujourd’hui.

 

Le déplacement collectif, ou semi collectif permettra peut-être de réduire notre dépendance.

La motorisation évoluera à coup sûr.

Les déplacements dits « doux », en particulier le vélo électrique devront se développer de manière importante. Les villes, les villages et les aménageurs de toute catégorie devront en tenir compte à chaque fois que des travaux de voirie seront prévus.

Mais les changements peuvent être encore plus radicaux. Ils porteront aussi sur la répartition de l’habitat dans le territoire.

Les collectivités ont un rôle essentiel dans ces réflexions parce que c’est à elles que reviennent les choix des aménagements et des équipements sur le territoire.

 

Cela ne répond en rien au cri de colère qui s’exprime actuellement, mais chacun sait que la colère n’est jamais bonne conseillère et qu’elle peut même être dangereuse quand elle est collective.

 

Il n’y a donc pas d’autres solutions, que de faire retomber le soufflet et de reprendre ces questions calmement en recherchant des pistes, qui prendront inévitablement du temps, parce qu’il ne peut s’agir que d’adaptation et parce qu’elles auront à coup sûr des conséquences sur nos modes de vie.

 

Il faudra pour cela que nous soyons accompagnés, par les collectivités supérieures, par l’Etat, et j’y crois, mais il faudra aussi vaincre les lobbys d’un côté et les égoïsmes de l’autre.

Pour les territoires ruraux, c’est à une véritable révolution qu’il faut se préparer. Révolution bien sûr dans notre organisation sociétale.

 

Certains territoires y travaillent déjà depuis quelques années. C’est le cas à la CCMA.

 

Notre démarche de TEPCV n’est rien d’autre qu’une avancée vers ces changements et elle va se voir complétée par cette nouvelle action autour de la mobilité douce en secteur rural dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI), French Mobility que nous avons intitulée : « Tous à bicyclette ».

 

Tout cela est sans doute très audacieux mais je ne vois pas d’autres issues que de se tourner vers une recherche d’autonomie énergétique, qui ne doit pas s’arrêter à l’autonomie électrique, même si la fourniture d’électricité peut être partie prenante de cette autonomie.

 

Parce qu’il y a une chose qui ne me parait pas possible de remettre en cause, c’est l’envie et le besoin de déplacement, que l’on soit urbain ou que l’on soit rural.

 

Plusieurs pistes existent donc !

La première consiste à modifier son mode de déplacement. D’un déplacement individuel, faire un déplacement collectif ou semi collectif.

La deuxième serait de passer d’une voiture à un vélo, électrique si besoin, ou à tout autre engin à imaginer, en particulier pour les trajets courts, et ils sont nombreux.

La troisième porte sur la motorisation.

Un territoire rural connait des handicaps dans le domaine des mobilités, je n’y reviens pas, mais il a des atouts, c’est l’espace et les ressources dont il dispose et qu’il peut valoriser.

Là j’en vois deux au moins.

Le premier, c’est le Bio GNV qui peut être produit localement à partir de matières agricoles, ou agroalimentaires ou autres.

Sa production sur place est remplie d’avantages. Elle génère une activité économique et d’emplois locaux, elle constitue un complément en particulier pour l’agriculture et elle s’exonère des variations des prix et de la dépendance à telle ou telle situation nationale et internationale.

Ce carburant est facilement utilisable dans nos véhicules actuels, moyennant quelques modifications de carburation.

 

 

Le deuxième, c’est l’électricité.

Elle aussi représente une solution locale très intéressante, d’autant qu’elle est déjà mise en œuvre de manière importante dans certains secteurs dont nous faisons partie.

Mais tout cela nécessite de l’espace et il faudra bien, pour réussir cette transition, que nous puissions partager cet espace entre l’habitat, les services, les voies  de communication, la production agricole alimentaire et la production industrielle et artisanale dont fait partie la production des énergies renouvelables.

 

Il n’y en effet rien d’incongru à ce qu’une partie (petite au demeurant) des sols puisse être consacrée à la production énergétique sur un territoire.

Patrick Caron, Président du groupe d’experts de haut niveau du comité des nations unies sur la sécurité alimentaire, écrit dans la préface d’un livre collectif, dont la rédaction est d’ailleurs pilotée par un Mayennais, Christian Férault *: « Il faudra renouer avec la fonction énergétique assignée à l’agriculture après l’exception historique d’une production quasi exclusivement dédiée à l’alimentation ».

L’agriculture elle-même est grosse consommatrice d’énergie, or, elle est une des mieux placées pour tirer profit de cette nouvelle activité, parce qu’elle a l’espace et les matières. Il serait regrettable qu’elle ne s’en empare pas.

Les technologies évoluent très rapidement dans ces domaines et nous laissent percevoir des perspectives intéressantes.

En quelques chiffres, et parce que je sais que cela fait débat. Couvrir les besoins électriques des foyers d’une commune comme Villaines la Juhel (2900 hts) nécessitent aujourd’hui une surface de 7 à 10 ha de panneaux photovoltaïques, s’il s’agit de la seule source. Ce qui représente 0,3% de la surface de la commune. Y ajouter les besoins électriques de recharge de voitures serait peu impactant.

Plus largement, si l’on résonne à l’échelle de notre communauté de communes de 17 000 hts, les besoins actuels des 8000 foyers qui y résident représentent de l’ordre de 45 à 50 millions de Kwh/an. Or, une partie de l’électricité est déjà fournie par les éoliennes (70 % des besoins totaux du territoire).

Je fais donc l’hypothèse que 70 % des besoins peuvent venir de l’éolien. Il reste 30 % à trouver auprès du PV, soit 15 millions de Kwh/an.

Ces besoins représentent la capacité d’une surface de 20 ha de panneaux, soit pour la CCMA qui compte 58400 ha, 0,03 % de sa surface. Est-ce inconcevable ? Je ne le crois absolument pas. C’est nettement moins en tout cas que ce qui est consacré aujourd’hui à des productions « énergétiques » comme le bio éthanol (de l’ordre de 1 % annoncé) et dont le bilan est d’ailleurs très contesté.

Couvrir les besoins en gaz est possible aussi. Et s’il fallait y adjoindre quelques hectares de cultures énergétiques, y aurait-il un sacrilège ?

L’histoire de l’agriculture a montré qu’elle fournissait ses propres besoins en énergie jusqu’au milieu du siècle dernier. C’est ce qu’évoque Patrick Caron.

Ces éléments sont source d’espoir. Mais ils montrent aussi le chemin à parcourir.

Ils ne sont mobilisables, qu’une fois la confiance retrouvée. L’échelle de nos territoires et la relation reconnue comme privilégiée entre la population et les élus locaux que nous sommes, nous confère sans doute un rôle particulier pour retisser des liens et créer les conditions d’une évolution qui sera notre salut.

Le maintien d’un statut quo dans ce domaine serait au contraire les prémices d’une mort annoncée des territoires peu denses. Ce que je ne veux pas !

 

* La sécurité alimentaire mondiale, état des lieux et prospectives. Sous la direction de Jean –louis Rastoin et Christian Férault.  Publié chez l’Harmattan

 

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Crise agricole : une mobilisation qui m'interpelle

4 Février 2024 , Rédigé par Daniel Lenoir

 

Nous venons en effet d'assister durant une quinzaine de jours à une mobilisation de la profession agricole dont les contours ne sautent pas forcément aux yeux.

Je  ne vois pas, en tout cas, dans ce mouvement beaucoup de signes progressistes. Probablement une forme de ressentiment  et le raidissement d'une corporation qui s'est laissée entraîner dans une course au « toujours plus » et une chasse aux subventions qui finalement se trouve être un cul de sac au moins pour une partie d'entre elle.

Le constat que dressent les manifestants semble amère et on le comprend, d'autant que ce n'est pas d'aujourd'hui que de nombreux chercheurs, de nombreux intellectuels mais aussi de nombreux paysans alertent sur l'impasse vers laquelle se dirigent une partie du monde agricole.

Les premiers signes de la contestation sont apparus dans le Sud-Ouest, là où les événements climatiques créent déjà plus de difficultés qu'ailleurs et donc aussi là où l'inquiétude est plus grande pour les années à venir.

Pas surprenant dans ces conditions que la recherche du bouc émissaire responsable soit la première démarche.  Difficile d'admettre en effet qu'il va falloir : « revoir le logiciel ».

On le sent bien, et nous l'avons suffisamment vécu au cours de notre carrière d'agriculteurs, les systèmes se regardent en chiens de faïence et traquent le premier faux pas de l'autre.

Alors bien sûr, au lieu d'admettre que l'on fait fausse route, que la nature finalement est plus forte encore que toutes les contraintes instituées par un hypothétique lobby écolo qui aurait envahi toutes les sphères des pouvoirs, tant européens que nationaux,  on préfère crier à l'excès de normes et à la sur charge administrative. 

C'est ainsi que l'on a vu les panneaux des communes retournés pour nous indiquer : On marche sur la tête.

Certes, il y a quelque chose qui marche sur la tête, mais je n'ai pas l'impression que l'administration soit la seule responsable dans cette affaire.

D'abord nous parlons du secteur économique dans lequel la co-construction est la plus développée de tous les secteurs et ce depuis plus de cinquante ans.

Difficile dans ces conditions de demander, comme le fait pourtant Sébastien Abis, chercheur à l'institut de relations internationales et stratégiques (Iris) de :  de faire plus confiance aux agriculteurs.

Leurs représentants, en tout cas ceux de la FNSEA et des JA ont été associés à toutes les décisions depuis des décennies et d'ailleurs, les autres courants syndicaux n'ont pas manqué de se plaindre de cette « exclusivité » dans la concertation.

La situation actuelle ne fait pas exception puisque la question des taxes sur le GNR avait été négociée entre le gouvernement et les représentants de la profession et ces mêmes représentants s'enorgueillirent d'avoir obtenu un bon accord.

Visiblement, ils n'avaient pas dû consulter suffisamment la base...

Que faut-il faire de plus ?

C'est bien là la difficulté.

Les revendications sont multiples, très catégorielles et pire, elles peuvent être contradictoires.

C'est cas par exemple dans le domaine de la gestion de l'eau.

Il y a ceux qui veulent la liberté de s'approprier des quantités importantes d'eau et il y a ceux qui veulent un partage de l'eau, cette ressource si précieuse qui se raréfie.

Tous ceux-là sont agriculteurs. A l'évidence, nous ne sommes pas là dans une opposition écolos/agriculteurs mais bien dans une divergence interne au monde paysan.

C'est le cas aussi quand il s'agit d'évoquer la fonction exportatrice d'une agriculture céréalière alors que d'autres et c'est légitime, s'émeuvent des entrées incontrôlées de produits animaux ou de fruits et légumes qui ne respectent en rien les règles que l'Europe et la France s'imposent pour protéger les consommateurs.

Côté revenu, ce n'est pas non plus très homogène. Il y a de grosses disparités. Mais si j'en crois Stéphane Guiouiller, Président de la Chambre d'agriculture de la Mayenne, la période est plutôt bonne. Jugez vous-même. Il indique dans le journal Maymag du Conseil Départemental qui vient de paraître, mais l'article avait dû être rédigé avant les mobilisations : "Nous sortons de deux bonnes années. Dans la majorité des cas, les trésoreries sont plutôt saines, malgré la hausse des coûts de production".

C'est évidemment une bonne nouvelle, mais cela n'explique toujours pas ce qui a pu déclencher ce mouvement.

Pour en comprendre vraiment les origines, il faut sans doute regarder le calendrier électoral.

Nous sommes à quelques mois des élections Européennes et comme dans d'autres pays Européens, il y a bien quelques âmes "bien intentionnées" qui n'ont pas raté l'occasion pour agiter les peurs et les ressentiments.

C'est le carburant de toutes les extrêmes droites. La France n'est malheureusement pas épargnée et les paysans sont des cibles faciles pour ces discours simplistes pourvu qu'ils soient confrontés à des difficultés climatiques et qu'en plus, une norme, souvent mal expliquée et peut-être excessive, il y en a, vienne s'ajouter à cet imbroglio vécu comme une double peine.

Tout cela doit nous inviter à la plus grande prudence. Il y a quelques fois de belles causes qui cachent de bien mauvaises intentions.

Je ne voudrais pas que le monde paysan qui est le mien soit utilisé dans des combats qui le desserviraient finalement. 

Il s'en va comme nous tous  vers des défis énormes que nous aurons à relever ensemble. Il nous faudra protéger mieux la planète, nourrir le monde et produire de l'énergie.

La réussite face à de tels défis ne viendra que si chacun prend sa part, mais aussi, trouve sa part.

 

 

 

 

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