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Missak et Mélinée MANOUCHIAN au Panthéon

21 Février 2024 , Rédigé par Daniel Lenoir

 

La France compte de grands hommes et de grandes femmes. Il peut s'agir de scientifiques, de littéraires, de politiques, et il peut s'agir aussi d'hommes et de femmes qui confrontés à l'insoutenable, ont accepté un combat et malheureusement souvent une sentence terrible en donnant leur vie.

C'est le cas de Missak et Mélinée MANOUCHIAN.

L'entrée au Panthéon est un geste absolument formidable de la part du Président de la République, d'autant qu'il fait entrer avec eux, tous leurs camarades de combat, tombés en même temps sous les balles des nazis il y a 80 ans.

Cette entrée rappelle d'abord le sacrifice de ces jeunes qui n'avaient pourtant qu'un espoir : vivre et construire un monde meilleur.

Mais il prend une signification beaucoup plus grande et terriblement d'actualité par l'origine et l'histoire des membres de ce groupe de résistants.

Ces hommes et ces femmes n'étaient pas Français. C'était d'ailleurs ce qui les rassemblait. Et pourtant ils sont "morts pour la France" comme le chante si bien Léo FERRE.

A la lumière des débats qui nous animent souvent maintenant, ces faits historiques si forts devraient rappeler  combien l'origine, la couleur de peau, le lieu de naissance n'enlèvent rien à la richesse de l'homme ou de la femme ni à la volonté de se battre contre toute forme d'exclusion, de ségrégation et de barbarie.

Missak MANOUCHIAN dit dans sa dernière lettre à son épouse Mélinée (lettre écrite en Français) : "Je suis sûr que le peuple Français et tous les combattants de la liberté sauront honorer notre mémoire dignement"

et il ajoute :" Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple Allemand"

Quel message posthume formidable !

Cette Panthéonisation nous baigne à nouveau dans ces souvenirs qui petit à petit, au fur et à mesure que le temps passe et que les témoins disparaissent s'estompent.

Sur le plan personnel elle me rappelle ma jeunesse de l'après guerre où nous chantions à tue tête ce texte d'ARAGON en écoutant FERRE. 

Il nous remuait les "tripes", nous qui avions 20 ans et l'espoir d'un monde meilleur.

L'histoire de ces Arméniens inconnus que la propagande nazi avait voulu diaboliser résonnait en nous comme une invitation à la lutte pour la liberté, pour la justice et pour la démocratie.

Plus de 50 ans plus tard, l'histoire semble vouloir bégayer.

Parce que la crise économique, les mouvements migratoires et maintenant la crise climatique font peur aux plus vulnérables. Alors, comme dans les années 30, la recherche d'un bouc émissaire, le repli sur soi apparaissent  comme des "solutions" lâchement utilisées par des manipulateurs qui n'ont pas grand chose à envier à ceux qui avaient fini par tenir les fusils contre "l'armée du crime" qui n'était pourtant rien d'autre qu'un groupe de jeunes épris de liberté, prêts à se battre au péril de leur vie contre la dictature.

Je sais que beaucoup de jeunes gens (et moins jeunes peut-être) découvrent l'histoire de ce couple qui entre aujourd'hui au Panthéon.

Le rappel de la mémoire et le travail pour l'histoire que nous faisons depuis longtemps en direction des jeunes des écoles et à l'occasion des cérémonies au monument, se trouve enrichi par ce moment de concorde nationale.

Nous pourrons et nous devrons maintenant le rappeler avec toute la force et la signification de l'entrée au Panthéon de deux "étrangers" morts pour la France.

 

 

 

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