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Transition énergétique : Entre aveuglement et obstination...

19 Juillet 2013 , Rédigé par Daniel Lenoir

Le débat sur la transition énergétique s'achève. Après plus de 6 mois de réunions, de colloques, d'échanges en tous genres, beaucoup pensaient que les conclusions ramèneraient la France dans le rang des pays intelligents, ceux qui sont capables d'imaginer sérieusement leur avenir énergétique. Eh bien c'est raté une nouvelle fois !

Au dernier moment, alors que les positions semblaient s'être rapprochées, le MEDEF a failli tout faire capoter, considérant que l'ambition de réduire les consommations énergétiques de 50% d'ici 2050 n'était pas tenable. Il faut dire que l'un de ses représentants n'était autre que Jean Louis SCHILANSKY, le patron de l'Union Française des Industries Pétrolières UFIP. Cette position est incompréhensible. Elle relève d'une obstination quasi suicidaire de la part du patronat, ou en tout cas de ses représentants les plus puissants. A croire que le MEDEF n'est composé que des pétroliers et de Proglio, le patron très nucléocrate d'EDF.

Les propositions n'avaient pourtant rien de révolutionnaire. Au contraire, elles se rapprochaient, enfin, des démarches Allemandes, Britanniques et d'autres pays à travers le monde, qui ont compris à quel point l'énergie pouvait peser sur l'économie et la croissance.

Rien de décroissant là dedans. Tout juste une volonté de réduire notre trop grande dépendance énergétique. Ne rien vouloir changer, c'est faire fi des défis qui s'annoncent à nous avec d'un côté un renchérissement inévitable des sources pétrolières et de l'autre, une industrie nucléaire  qui ne parvient plus à maintenir des prix bas qui avaient fait sa force pendant les 3 ou 4 décennies précédentes.

Rien d'écologiste non plus, même si évidemment, personne n'oublie les impacts de nos pratiques sur le climat.

Non ! Les seules préoccupations qui auraient du prévaloir, y compris chez les représentants du patronat, portaient sur l'économie au sens premier du terme, c'est à dire une moindre dépense et sur l'économie au sens de l'activité économique et de l'emploi.

Voilà comment, par pure idéologie, par aveuglement, nos grands dirigeants Français s'éloignent de leurs collègues des autres pays qui, eux, sont en train de saisir ces opportunités de la transition énergétique en créant de nombreux emplois dans l'isolation, dans les énergies renouvelables dans la recherche sur l'efficacité énergétique.

Faut-il croire que nous sommes plus bêtes que les autres ? Nous avons un déficit abyssal, creusé en partie par notre dépendance énergétique, nous connaissons une situation de l'emploi très dégradée et pourtant nos dirigeants nous disent qu'il ne faut rien changer. Face à une telle situation, la responsabilité du gouvernement est aussi d'imposer les choix dont la France a besoin. Mais je crains que y compris au sommet de l'état, les esprits ne soient pas très clairs sur la question. Dans ce contexte, l'éviction de Delphine BATHO n'est pas due qu'à une maladresse de sa part. Nous avons bien  compris que les lobbys étaient à l'oeuvre pour une conclusion "convenable" à leurs yeux dans ce débat énergétique et que la Ministre ne semblait pas disposée à lâcher sur ce sujet. Nous sommes là encore sur une "exception Française", mais de cette "exception" nous ne devons pas être fiers comme nous sommes fiers de celle qui concerne la culture. Ce qui apparait en France comme un débat d'écologistes, est ailleurs un débat industriel et économique. La raison est toujours la même. Nous pouvons parler de tout, imaginer tout, mais à une condition; ne pas toucher au nucléaire. Moyennant quoi nous continuons d'avancer vers l'abîme que seul le nucléaire lui-même, avec ses catastrophes et ses coûts qui vont devenir beaucoup moins compétitifs, pourra peut-être nous épargner. A moins qu'un jour, les industriels eux-mêmes deviennent suffisamment nombreux aux côtés des dirigeants politiques et de la population pour porter un autre discours capable effectivement de changer les pratiques et développer une industrie nouvelle autour de cette transition énergétique. Alors, et alors seulement, nous pourrons affirmer que la croissance a du sens.

 

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Captages Grenelle : Bilan d'étape !

2 Juillet 2013 , Rédigé par Daniel Lenoir

Le 12 décembre dernier je vous disais mon étonnement quant à l'attitude de certains responsables agricoles Mayennais au sujet des mesures visant à aider les agriculteurs à protéger les captages d'eau du département. Je faisais référence à une manifestation qui avait eu lieu lors de la signature d'une convention entre l'agence de l'eau Loire-Bretagne, le Conseil général de la Mayenne et le syndicat d'eau de Saint Pierre sur Orthe. Il est temps maintenant de faire le point sur la situation de ces captages et l'attitude individuelle des agriculteurs.

 

L'eau a passé sous les ponts...

Donnons d'abord quelques indications sur les teneurs précises en nitrates des différents captages ainsi que leur évolution.

Sur le secteur de Saint Pierre sur Orthe, les 3 captages des Ormeaux, de Vaubourgueil et du tertre Suhard connaissent une évolution à la hausse depuis le début des mesures dans les années 80.

Pour Les Ormeaux nous sommes passés de 25mg/l en 1980 à 43 mg/l en 2012. Pour Vaubourgueil, les premières mesures datent de 1989. Elles étaient de 33 mg/l à ce moment là et atteignent maintenant 48 mg/l après avoir dépassé 2 fois la limite fatidique de 50 mg/l. Enfin, le tertre Suhard est suivi depuis 1987. Les premières analyses donnaient 20 mg/l pour atteindre aujourd'hui 31 mg/l.

Voilà des chiffres indiscutables. Il faut préciser pour être encore plus clair, que la progression des teneurs en nitrates a été à peu près régulière jusqu'en 2005. Depuis, il semblerait qu'une certaine inflexion s'amorce, non pas avec une baisse des teneurs, mais au moins une forme de stabilisation. Vous imaginez bien que je prends beaucoup de précautions de langage à ce sujet, parce que cette légère modification de la courbe peut être interprétée de différentes manières selon que l'on veut justifier qu'il n'est pas nécessaire d'agir sur ces captages, ou au contraire, qu'il faut accentuer nos interventions afin de confirmer un changement de tendance en faisant baisser réellement les teneurs en nitrates. Evidemment, sur ces 3 captages dont je rappelle l'importance stratégique  avec une production globale d' 1 800 000 m3 par an, couvrant les besoins de 35 000 équivalent-habitants, la teneur en nitrates n'a que très rarement dépassé la norme de 50 mg/l. Est-ce une raison pour se voiler la face et attendre que des mesures réglementaires et contraignantes soient décidées d'en haut ?

Nous avons parié au contraire au Conseil général, avec l'agence de l'eau et le Syndicat d'eau local sur des actions volontaristes, considérant qu'il est sans doute plus facile, et accessoirement plus responsable, d'anticiper pour accompagner les agriculteurs dans la mutation de leurs pratiques en les aidant financièrement de manière substantielle. Nous avions cru avoir le soutien de la chambre d'agriculture pour cela et puis nous en avons douté alors que ce volet figure en toute lettre dans la convention annuelle de financement de la chambre d'agriculture par le Conseil général.

Qu'en est-il aujourd'hui ?

Même si certains agriculteurs concernés par d'éventuelles actions et aides pour la protection des captages étaient venus contester ces mesures le 12 décembre à Saint Pierre sur Orthe, le jour de la signature, ils ont individuellement reconsidéré leur position et nous constatons une adhésion d'à peu près un agriculteur sur deux à ce programme de reconquête de la qualité de l'eau sur ce territoire. Certes, c'est encore insuffisant, d'autant que le même programme conduit sur le secteur de Chémeré le Roi, reçoit une adhésion plus grande puisque les objectifs sont déjà atteints en termes de souscription aux mesures agri environnementales. Il faut préciser que certains agriculteurs de l'aire d'approvisionnement du captage de Saint-Pierre sur Orthe sont déjà engagés dans d'autres mesures agri-environnementales, ce qui leur interdit pour le moment la souscription au nouveau dispositif. Au passage je fais remarquer que cette interdiction de cumuler 2 aides sur une même parcelle n'est pas toujours justifiée. Les autorités Françaises feraient bien d'ailleurs de reconsidérer cette réglementation pour envisager au moins une complémentarité des actions qui au lieu de les annuler les unes et les autres, viendrait les renforcer.

De gros moyens...

Certes les moyens financiers mis sur la table pour ces actions environnementales sont importants. Rien que pour les territoires de Saint Pierre sur Orthe et Torcé Viviers en Charnie, c'est un montant de 647 500 € qui est mobilisé avec une prise en charge à hauteur de 45 % par l'agence de l'eau, 25 % par le Conseil général et 30 % par le syndicat d'eau lui-même. Mais n'oublions pas que toutes ces sommes sont financées en réalité par tous les abonnés sur leur facture d'eau. Il y avait donc quelque chose d'incongru à ce que certains responsables agricoles s'opposent à ces mesures qui visent à accompagner les leurs pour modifier leurs pratiques et les adapter aux nécessités d'un environnement et d'une eau de qualité. Nous sommes bien loin de la notion de pollueur/payeur. C'est au contraire l'usager qui paye pour se garantir une eau buvable... Ce serait donc un comble, si en plus, il fallait continuer de se battre pour que ces mesures soient mises en place. Heureusement, la sagesse semble l'emporter et je m'en réjouis. Peut-être qu'un jour nous le constaterons ensemble avec les responsables agricoles très actifs sur ce dossier...

 

 

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