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Baisse des indemnités des élus : Pure démagogie !

4 Février 2013 , Rédigé par Daniel Lenoir Publié dans #texte libre

Ces histoires ont le don de me faire sortir de mes gonds. Sur internet, des tas d'informations farfelues circulent sur cette affaire, souvent très fantaisistes. Le "café du commerce" est pas mal non plus dans le genre colportage de fausses rumeurs malveillantes. Mais quand un élu cède lui aussi au populisme ambiant, alors qu'il cumule plusieurs fonctions et ne semble  refuser, ni le salaire qui lui est garanti, ni les indemnités multiples, je trouve que la coupe est pleine.

Je ne nommerai pas cet élu qui se reconnaîtra, par respect pour lui, et parce que je ne veux justement pas procéder comme il l'a fait.

Par contre, je vais essayer de remettre les choses à leur place.

Non cumul des mandats : Une bonne idée qui a des conséquences matérielles.

J'ai toujours exprimé mon adhésion à cette idée. Je la pratique même depuis le début de mon entrée au Conseil général. C'est tellement vrai, que je n'ai qu'une fonction indemnisée, alors que mes responsabilités  sont multiples. Nous sommes très peu dans ce cas là au Conseil général, et j'observe que mes 3 ou 4 collègues qui connaissent la même situation, sont très disponibles dans les fonctions qui leurs sont confiées. Ils et elles y consacrent tout leur emploi du temps.

Or, les indemnités versées dans un département de la taille de la Mayenne (il existe une grille en fonction du nombre d'habitants), correspondent au maximum au salaire d'un agent de catégorie B qui débute. Elles sont de 1500 € pour un Conseiller général de base, et précisément de 1907 € par mois pour un vice président, comme c'est mon cas.

J'ajoute que quelques indemnités sont versées pour compenser les déplacements, mais elles ne couvrent pas le tiers des frais engagés. 

Deux autres précisions s'imposent. Une concernant les retraites, l'autre au sujet de la compatibilité (ou non) entre la fonction d'élu et l'activité professionnelle.

Pour les retraites, là encore il faut tordre le cou à des idées fausses. Etre élu ( hors parlementaire) ne donne aucun point ou trimestre pour la retraite. Je cotise à un régime de retraite complémentaire qui, si tout va bien, devrait me garantir la "coquette" somme de 150 € par mois après deux mandats de Conseiller général. Pas de quoi manger des ortolans...

En conséquence, être élu alors que l'on n'a pas atteint l'âge de la retraite, signifie qu'il faut garder une activité professionnelle (certains n'ont pas pris cette précaution, ils l'ont amèrement regretté). Là encore tous les élus ne sont pas égaux. Tous mes collègues qui ont, ou avaient, une activité indépendante (agriculteur, artisan, profession libérale, chef de petite entreprise) disent la même chose, ils ont mis à mal leur activité.

Rien de tel finalement que d'être élu dans le chef-lieu, les réunions sont près de chez soi, d'être ou retraité ou fonctionnaire, les revenus sont garantis, et si vous cumulez cela avec plusieurs fonctions électives, c'est le jackpot.

Vous le voyez, la généralisation des situations n'a donc aucun sens. Voilà pourquoi je trouve particulièrement détestable qu'un élu qui connaît bien tout cela, se laisse aller à des attitudes qui desservent les fonctions politiques et sans doute la politique elle-même, et qui plus est, sans s'appliquer la moindre contrainte à lui-même.

Assujettissement des indemnités des élus aux cotisations sociales

C'est une nouveauté pour 2013. Le gouvernement a en effet décidé de faire participer les collectivités au comblement du déficit du régime des retraites. Cela ne changera pourtant rien à notre situation. Par contre cela représente une dépense nouvelle pour le Conseil général, de 290 000 € par an.

Curieusement, nos collègues de la gauche unie n'ont pas voté cette disposition qui émane pourtant du gouvernement Ayrault. Ils vont pourtant devoir l'appliquer eux aussi dans les instances qu'ils président. Une énigme pour moi !

Faut-il baisser nos indemnités ?

S'il le fallait, je n'y serais pas opposé. Ma motivation est ailleurs, je crois que vous l'avez compris.

Mais je sais que c'est un sujet que très peu d'élus veulent aborder. Comme s'il s'agissait de situations honteuses.
Au contraire, j'affirme haut et fort ce que je vis parce que je crois que ce n'est pas sur cela que nous devons être jugés. J'affirme aussi, que si des changements doivent intervenir, ils doivent permettre aux élus d'assurer leurs mandats en toute indépendance et donc dans des conditions matérielles dignes. C'est aussi une garantie pour une plus grande féminisation des instances politiques et pour éviter la recherche trop systématique du cumul des mandats.

 

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