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La démocratie : Un exercice plus difficile qu'il n'y paraît.

1 Mars 2013 , Rédigé par Daniel Lenoir Publié dans #texte libre

Winston Churchill disait que : La démocratie est le pire des systèmes, à l'exception de tous les autres...

C'est une définition en creux, mais elle veut pourtant bien dire toute la difficulté à trouver un mode de fonctionnement de nos sociétés qui soit à la fois efficace, respectueux et équitable.

Les Italiens en font sans doute actuellement l'amère expérience.

Voilà un pays riche d'une histoire multiséculaire, au poids économique essentiel sur le continent Européen, qui à l'issue du dernier scrutin national, se trouve quasiment paralysé par les résultats électoraux, pourtant obtenus de la manière la plus démocratique qu'il soit.

Ne comptez pas sur moi pour vous dire ce que devraient faire les Italiens. Je n'en ai ni les moyens, ni évidemment la légitimité. Non, ce que je veux pointer du doigt ici, c'est la possible similitude entre nos deux démocraties, même si les modes d'élections sont différents.

L'Italie est confrontée à une crise économique et financière considérable, comme nous. Et pourtant c'est le moment qu'a choisi 1/4 des électeurs Italiens pour donner un coup de pied dans la fourmilière politico médiatique.

Certes, en France nous n'avons plus Coluche, mais nous avons d'autres "comiques" qui risquent de nous faire moins rire... Alors je m'interroge sur ce désamour de la "classe" politique et pour être franc avec vous, j'admets volontiers que bon nombre de nos politiques font tout pour ouvrir un boulevard aux discours populistes, qu'ils soient tenus par le FN ou qu'ils viennent du FG.

Il y a eu cette caricature du "pousses-toi de là que je m'y mette" entre J.F. Copé et F. fillon, mais il y a aussi toutes ces critiques incessantes à chaque initiative du gouvernement. Oh, ne voyez pas là une prise de position pro gouvernementale. Non ! Entendez simplement que je ne me résous pas à penser que puisque c'est un autre qui fait les choses, c'est forcément mauvais. Regardez la question des rythmes scolaires. Pensez-vous qu'il n'y ait pas là, matière à réforme ? De nombreux sondages et de nombreuses études laissaient apparaitre une vraie nécessité de changement avec un allongement de la semaine pour réduire le temps scolaire de chaque journée, vécu comme un véritable marathon pour des "bouts de choux" à qui nous infligeons quasiment plus de temps d'attention que nous ne nous en imposons à nous-mêmes.

Eh bien, malgré cela et peut-être parce que la méthode n'a pas été parfaite j'en conviens, deux "lobbys" aussi puissants que différents, je veux parler de l'AMF, véritable syndicat corpo des maires, et les syndicats d'enseignants, non moins corpos,  sont en train de faire capoter la réforme Peillon.

Heureusement il y a quelques élus dits "d'opposition" qui ont très clairement accepté de porter là où ils sont, une réforme qui n'est pas la leur (je pense en particulier à J. Arthuis), comme il y en avait eu aussi qui n'avaient pas voulu hurler avec les loups à propos de la loi sur le mariage pour tous.

Mais je suis convaincu que cela ne suffira pas et à ce titre, je ne me réjouis pas du tout des difficultés que connais le gouvernement.

Qui peut croire qu'inlassablement, les électeurs accepteront d'être gouvernés un coup à gauche, un coup à droite, si à chaque fois qu'il y a changement de camp, ce que fait l'autre est la pire des politiques, alors que l'on sait très bien que ceux qui critiquent auraient fait des choix à peu près identiques ?

Non, ce qui risque de se passer, c'est ce que vient de vivre l'Italie. Les électeurs se détourneront des camps politiques traditionnels, soit en cessant tout simplement de s'intéresser à la vie politique, soit en choisissant les discours populistes, qui par définition sont faits, non pas pour résoudre les problèmes, mais plaire à ceux qui les écoutent.

Mais vous me direz : "L'Italie avait installé un gouvernement d'union quasi nationale, et c'est toute cette "classe" qui a été abandonnée par des millions d'électeurs". C'est vrai, mais le gouvernement d'experts était sans doute vécu comme un choix imposé par l'extérieur, en l'occurrence, l'Europe, et les très mauvaises langues disaient même : Merckel.

Alors il va falloir changer de braquet. Le "jeu" politico médiatique va devenir un jeu dangereux, d'autant que les moyens de communication sont eux aussi en plein bouleversement. Songez que Beppe Grillo, le leader populiste Italien a complètement ignoré les médias classiques. Souvenons-nous aussi, mais là c'était une bonne chose, que les Tunisiens, les Egyptiens, les Libyens ont fait leur révolution avec Internet. 

Réseaux sociaux et médias traditionnels, peut-être une passation de pouvoir ?

Nous ne pouvons être étrangers à ces évolutions. L'exercice de la démocratie et du débat public évolue. Certains (et certaines) nous ont beaucoup parlé de la démocratie participative. C'est une notion qui sonne bien à mon oreille. J'ai d'ailleurs, il y a bien longtemps défendu cette idée pour organiser le développement local. Mais cela ne doit pas faire disparaitre la démocratie dite "représentative", celle portée par des élus qui ont pris le risque de passer par la case élection, avec tout ce que cela comporte comme incertitudes.

Il est donc temps sans doute, de réfléchir à d'autres formes de relations entre les citoyens et leurs représentants, non pas pour connaître leur vie personnelle et encore moins leurs frasques, mais pour associer  la population aux choix que nous avons à faire tous ensemble.

Cela passe par des rencontres, des assemblées, mais aussi par l'usage des réseaux sociaux qui sont devenus des moyens de communication si rapides que nous pourrions quasiment obtenir un avis instantanément.

Cela impose aussi que nous acceptions de consacrer le temps nécessaire à la concertation.

Le corollaire de ces exigences étant probablement une plus grande répartition des responsabilités, et donc une limitation  assez stricte du cumul des mandats.

Le Parlement débat actuellement des nouveaux modes de désignations des élus locaux, Conseillers départementaux et élus municipaux. Pas sûr que les discussions soient suffisamment sereines pour imaginer la démocratie à laquelle une société moderne comme la nôtre pourrait aspirer. Je crains au contraire que les petits calculs soient de mise, et qu'un jour, la démocratie soit confisquée par celles et ceux qui sont en embuscade, très partageurs tant qu'ils ne sont pas au pouvoir, mais sans doute moins enclins à cette solution une fois installés dans la place.

 

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