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Fusion des communautés de communes : Un peu plus d'allant ne ferait pas de mal !

20 Février 2013 , Rédigé par Daniel Lenoir Publié dans #texte libre

Comme tous les élus municipaux du territoire des communautés de communes de Villaines-la-Juhel et des Avaloirs, j'ai été invité à une réunion de présentation des travaux conduits depuis quelques mois pour préparer la fusion entre ces deux entités, au 1er janvier 2014.

Je me suis rendu évidemment, à cette réunion qui a eu lieu le 12 février à Javron les chapelles, mais j'en suis revenu déçu.

Oh, je n'y allais pour apprendre des choses nouvelles quant aux formes que prendrait la nouvelle collectivité. Comme beaucoup d'élus, j'en connaissais déjà les contours. Non, j'y allais parce que, d'une part, j'ai toujours soutenu cette démarche de rapprochement, et ce n'est pas maintenant que je vais changer d'avis, et d'autre part parce que je voulais mesurer l'enthousiasme que générait ce "mariage".

C'est sur ce dernier point que porte ma déception.

Alors, à ce stade de la réflexion, il me parait nécessaire que je dise publiquement ma vision de ce regroupement qui s'annonce.

Je le fais ici, sur ce blog, parce qu'il est devenu au fil du temps mon moyen d'expression le plus courant (ce qui ne m'empêche pas de m'exprimer par ailleurs), et que je sais qu'il est lu par bon nombre d'habitants du territoire, y compris des élus.

J'en profite pour vous indiquer que je viens de dépasser les 25 000 connexions depuis la création du blog en janvier 2009. Cela représente maintenant plus de 600 personnes par mois. Je vous remercie de votre confiance et de l'intérêt que vous portez à mes écrits. J'essaierai de continuer d'être à la hauteur de vos attentes.

Pourquoi et comment je souhaite cette grande communauté de communes du nord-est mayennais ?

Depuis 1995, année au cours de laquelle je suis entré au conseil de la communauté de communes de Villaines-la-Juhel, je n'ai cessé de m'investir pour un rapprochement et des échanges avec nos voisins, et particulièrement avec ceux des quatre cantons qui avec nous, constituaient le Haut-Maine et Pail. Avec mes collègues Conseillers généraux du secteur, nous avons même tenté en 2003 et 2004, mais sans succès, de renforcer nos collaborations au sein du syndicat de pays qui nous unissait à l'époque.

Le temps a passé, trois communautés de communes ont vu le jour sur ce territoire. J'ai eu le sentiment et je ne suis sans doute pas le seul, que cela a rendu certaines coopérations plus compliquées.

Mais les évidences finissent quelquefois par triompher. Dans un paysage où les collectivités intercommunales sont ou seront prochainement toutes au delà de 20 000 habitants, il est difficile de s'imaginer un avenir seul dans son coin, avec moins de 10 000 habitants. Cela est d'autant plus vrai que nous sommes situés à l'extrémité du département, loin donc des services et de l'influence des villes chef-lieu de la Mayenne.

Notre capacité à donner un cadre de vie correct à nos concitoyens ne peut donc passer que par une union de nos forces. Voilà la première raison qui m'a toujours porté à croire à cette nécessité d'un regroupement dont les contours pouvaient même aller jusqu'aux limites de feu le "Haut-Maine et Pail".

Prenons quelques exemples pour étayer cette position. Dans le domaine économique, compétence première d'une communauté de communes, nous savons que la "concurrence" est rude entre les collectivités. Or les entreprises qui souhaitent, soit se développer, soit s'installer, ont besoin d'interlocuteurs suffisamment solides et organisés pour répondre à toutes leurs demandes. Elles souhaitent même très souvent, que le territoire puisse garantir à leurs collaborateurs et à leurs familles, des services de qualité. Que nous le voulions ou non, cela ne peut pas exister dans une communauté de communes de trop petite taille.

Sur le plan de l'urbanisme et de l'aménagement, c'est la même chose. L'ingénierie dont nous disposions de la part de l'état à disparu. Il faut donc faire appel à de nouvelles compétences. Le recrutement de personnes qualifiées n'est pas envisageable de la même manière, si vous avez quelques petits projets à suivre chaque année, ou si vous atteignez  une dimension plus importante.

Pour le tourisme, la culture et  pourquoi pas le sport, nous retrouvons là encore la même problématique.

Vous le voyez, le regroupement n'est pas seulement justifié par une volonté administrative qui nous serait imposée d'en haut. En tout cas je m'élève contre cette idée, et je déplore d'ailleurs que la teneur des discours des deux présidents s'exprimant lors de la réunion de Javron ne l'ait pas combattue.

Constituer un ensemble, ne consiste pas seulement à additionner des habitants et des communes.

Si nous devons être suffisamment nombreux pour pouvoir décider de notre destin, ce que je crois, cela ne suffit pas à réussir la fusion.

Or j'entends plus de propos résignés que de paroles optimistes, y compris chez les élus des communes. Il reste donc un énorme travail de fédération à réaliser. Se fera t-il dans les quelques mois qui nous séparent des prochaines échéances électorales ? J'en doute ! Il y a donc à mon sens quelque chose d'incongru à ce que cette nouvelle collectivité qui devrait voir le jour le 1 er janvier 2014, en regroupant les communautés de communes de Villaines-la-Juhel et des Avaloirs, désigne ses responsables trois mois avant les élections municipales de mars 2014, alors que nous pouvons affirmer sans risque de se tromper, qu'elles changeront inévitablement la donne. Dans ces conditions il serait  judicieux de décaler de quelques mois, voire d'un an l'effectivité de la fusion.

Un coeur qui bat fort !  

C'est l'autre sujet. J'ai cru comprendre qu'une des premières questions qui ont été discutées portait sur la répartition des sièges sur le territoire, avec un cassus belli autour du siège "officiel" de la nouvelle entité.

Cela me désole. Si j'utilise cette image du coeur qui bat, c'est pour indiquer qu'aussi importantes soient-elles, toutes les communes du territoire ne peuvent pas espérer être ce coeur.

Je prends aussi quelquefois la métaphore du noyau et de la cellule. L'un ne vit pas sans l'autre et en biologie, l'existence de deux ou plusieurs noyaux préfigure un éclatement prochain de la cellule. Je ne crois pas que c'est ce que nous voulons.

Alors disons les choses simplement et clairement, le seul intérêt qui doit être défendu, est celui des habitants. Ils n'ont que faire de ces répartitions qui ne concernent que les élus, et si je voulais être un peu méchant, je dirais même l'égo des élus.

Croyez-vous par exemple que les habitants des cantons de Lassay et Le Horps vont revendiquer un partage du leadership de la ville de Mayenne au moment de leur rapprochement ? La place d'Ernée est-elle contestée dans sa communauté de communes ? Et celle d'Evron, de Château-Gontier, de Craon...

Chaque territoire a besoin d'un pôle, d'un chef-lieu, d'une capitale. Chaque habitant a besoin aussi de se reconnaître et de trouver les services qu'il souhaite sans devoir faire le tour de la communauté. Il y a donc une fausse bonne idée dans cet éclatement programmé.

Voilà décrite ici ma conception de l'avenir de notre territoire. J'y vois de l'espoir, j'y vois aussi des difficultés. Rien de plus normal, mais il reste beaucoup de travail. 

 

 

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