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Sécheresse : Les paysans en difficulté !

12 Juin 2011 , Rédigé par Daniel Lenoir Publié dans #L'actu de la semaine

Le mot est maintenant clairement prononcé ; La sécheresse sévit sur une bonne partie du pays, et particulièrement sur l'Ouest de la France. Ce ne sont pas les quelques orages, ni même la pluie de ce week-end qui effaceront le déficit hydrique que nous connaissons depuis plusieurs mois.

La première préoccupation va généralement vers les agriculteurs, et cela est bien normal. N'est-ce pas eux qui, pratiquant des cultures, exploitant des prairies sont les premiers touchés par le manque d'eau ?

L'agriculture est en effet intrinsèquement consommatrice d'eau dans tous ses processus de production.

La solidarité s'impose donc d'abord envers eux, et il est légitime qu'ils appellent à l'aide pour passer cette période exceptionnelle, en tout cas souhaitons-le, et subvenir à leurs besoins pour la nourriture des animaux ou le cas échéant, un arrosage ou une irrigation.

Impôt "sécheresse"...

Agriculteur moi-même, je ne revendiquerai pas pour autant le moindre impôt "sécheresse". Il nous rappellerait trop l'année 1976, qui fut terrible pour bon nombre de paysans à cause du manque d'eau, et qui fut dévastatrice en terme d'image de notre profession auprès du grand public.

La solidarité doit commencer d'abord au sein même de la profession. Je forme le voeu que les céréaliers les moins touchés, les agriculteurs des régions qui connaissent de moindre pénuries, gardent cet esprit d'entre-aide qui avait prévalu en 1976, permettant aux paysans de l'Ouest d'aller s'approvisionner en paille dans la Beauce et autres régions céréalières.

Mais elle impose aussi une interrogation sur notre capacité à surmonter de tels événements climatiques, parce que la sécheresse est avant tout un phénomène naturel. L'histoire nous rapporte d'ailleurs de nombreux récits des années 1921, 1949, 1976 bien entendu, mais aussi plus proches de nous, 1994 et 2003.

Ces années, comme les années d'excès d'eau, ont permis, ou contraint, c'est selon, une remise en cause de certaines pratiques agricoles.

Gageons que l'année 2011, même si la pluviométrie redevenait normale cet été, sera aussi l'occasion de réflexions sur l'usage de l'eau en agriculture.

Le paysan sait qu'il est tributaire de la nature, et bien malheureux est celui qui l'oublie.

Mais la tentation est forte de vouloir transgresser quelques règles à la recherche d'un profit immédiat. Certaines régions n'ont connu le développement de la culture du maïs par exemple que grâce à l'irrigation. Les agriculteurs ont donc pompé allègrement la nappe et cela n'inquiétait personne, au moins  pendant ces années où l'eau ne manquait pas.

Seulement voilà, ils ont été de plus en plus nombreux à pratiquer cette technique, et il est apparu rapidement que la nappe n'était pas inépuisable, et au surplus, elle pouvait être vulnérable, sensible donc aux risques de pollution. 

Une ressource protégée.

Inévitablement des mesures de restriction sont intervenues.

Elles ont été quelquefois pourfendues par les agriculteurs qui voyaient  là l'influence néfaste des "écolos". Pourtant, ces "quotas" ne faisaient que rappeler que l'eau est un bien commun, et qu'en conséquence elle doit être partagée.

Les choses se sont organisées autour de ces problématiques.

Les Préfets ont autorité pour réguler l'usage de l'eau en période de crise, mais une réflexion plus globale a été engagée dans chaque bassin versant de rivière ou de fleuve pour la gestion de cette ressouce si indispensable à la vie.

C'est comme cela que nous avons vu naître les "fameux" SAGE (schéma d'aménagement et de gestion de l'eau)  dont je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises. Ils sont élaborés par une commission locale de l'eau (CLE) composée de toutes les catégories socioprofessionnelles, des administrations, des collectivités, des associations, etc... sur le territoire d'un bassin versant. Pour mémoire, le département de la Mayenne compte un bassin versant  principal qui couvre la rivière la Mayenne, et plusieurs autres bassins versants comme celui de la Sarthe-Amont qui concerne une vingtaine de communes du nord-est du département.

La démarche participative à laquelle nous assistons dans ces instances et l'engagement de tous les acteurs qui vivent sur le territoire nous montre à quel point l'eau est une préoccupation forte.

Elle fait émerger des idées qui doivent être partagées par tous, pour garantir la ressource en eau tant en quantité qu'en qualité.

Elle n'a donc pas manqué de soulever cette question des pratiques agricoles consommatrices en eau. Des agriculteurs, pas tous j'en conviens, ont entamé à partir de cela un processus d'expérimentation de techniques les moins consommatrices, et une plateforme d'essais comparatifs des trois pratiques, conventionnelles,  de conservation ou biologiques est en train de voir le jour à Courcité, en Mayenne.

Une responsabilité partagée.

Cette démarche des agriculteurs ne devra pas nous faire oublier, à nous tous consommateurs, que notre comportement peut aussi impacter la ressource en eau.

A ce titre, je notais récemment dans un rapport sur l'usage de l'eau potable en Mayenne, que la consommation des Mayennais était stable depuis une dizaine d'années, et se situait autour de 20 000 000 de M3 d'eau par an. La preuve que l'économie est devenue la règle chez bon nombre d'entre nous, et que nous avons bien fait d'abandonner ce projet de barrage à Saint Calais du désert.

Nos amis des moulins

La sécheresse que nous connaissons justifie-t-elle pour autant la levée de bouclier des défenseurs des barrages et moulins face à l'arasement de certaines de ces retenues ? Je ne le crois pas. Si les barrages et autres perrés peuvent avoir leur place sur une rivière ce n'est certainement pas pour y maintenir une flaque quasi stagnante comme c'est le cas en cette période d'étiage.

Nous devrons plutôt inviter chacun à poursuivre son effort de réduction de sa consommation en eau et encourager les collectivités et les gestionnaires des réseaux d'eau potable à réduire les fuites de leurs tuyaux qui peuvent atteindre plus de 40 % des quantités pompées.

 

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