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la grève du lait

21 Septembre 2009 , Rédigé par Daniel Lenoir Publié dans #L'actu de la semaine

Indiscutablement, l'action qui consiste à jeter le fruit de son travail, en l'occurence sa production laitière est pour un agriculteur un acte fort, courageux et peut-être quelques fois, désespéré.
Fils de paysan producteur de lait et paysan moi même je n'aurais jamais imaginé qu'une telle action puisse voir le jour. J'avoue même qu'à l'apparition des premiers banderoles  au bout des chemins des exploitations et à la lecture des premiers articles de presse consacrés à cette nouvelle association, j'avais des difficultés à croire qu'elle mettrait sa menace à exécution.
Pas de doute donc maintenant quant à la gravité de la situation.

C'est pourquoi, étant informé comme tout le monde de ce mouvement et en particulier par les distributions de lait qui ont eu lieu la semaine dernière à Villaines la Juhel, j'ai tenu à assister à la réunion publique de l'APLI ( association des producteurs de lait indépendants) qui se tenait vendredi dernier à Javron les Chapelles.

La crise est profonde, était-elle prévisible?
J'ai tendance à penser que oui. Depuis des années nous assistons à un perpétuel mouvement de concentration des exploitations chacune s'évertuant à récupérer toujours plus de quotas laitiers. Quelques fois aveuglément,et souvent soutenus par les organisations professionnelles agricoles dont la FDSEA,  des agriculteurs ont misé sur la production à outrance pensant qu'ils sortiraient gagnant de ce jeu de la concurrence.
Mais voilà, tout n'est pas si simple et nous pouvons nous demander si nous n'assistons pas aujourd'hui au scénario de "l'arroseur arrosé" ?
En effet, en agriculture la concurrence est largement encadrée, il suffit pour s'en convaincre de voir ce que représente le montant de la PAC (Politique agricole commune).
Les quotas jouaient donc un effet régulateur, souvent décrié, mais pourtant très efficace qui permettait de maintenir un prix acceptable. Mais la mondialisation et le libéralisme ne sont pas à l'oeuvre que dans l'industrie la finance et les services, ils concernent aussi bien entendu l'agriculture.
Les industriels laitiers et les géants de la distribution ont ainsi cherché à dérégler le marché, ne serait-ce que par un léger excédent de la production provoquant immédiatement un effondrement des prix du lait.
Les producteurs actuellement dans le mouvement de l'APLI sont donc rarement des petits producteurs, plus rarement encore des producteurs bio, je rappelle que le lait bio est payé actuellement 470€ la tonne pendant que le lait conventionnel arrive péniblement autour de 270€. Il s'agit d'agriculteurs très exposés qui ont fortement investi et qui, c'est certain maintenant, ne doivent plus leur salut qu'à une organisation des marchés. C'est pourquoi je comprends, et je soutiens d'ailleurs leur revendication d'un abaissement des quotas de 5 % ainsi que la définition d'un prix garanti.

Ce mouvement soulève aussi d'autres problèmes: Quoi qu'en disent certains, la question des mises aux normes environnementales dans les exploitations n'est pas seulement une cause des difficultés, elle peut être à terme une conséquence de  l'épisode que nous connaissons. En effet, cette période de surproduction doit nous rappeler que nous avons tous une obligation de préserver l'environnement, et donc rechercher des solutions de production qui soient plus en phase avec la maîtrise des nitrates, l'absence des pesticides dans l'eau etc...Parce que après tout, à quoi bon produire tant, en polluant si c'est pour ne pas gagner sa vie et de surcroît, jeter sa production excédentaire?

Mais cette action bouscule aussi beaucoup les sacro saintes  organisations professionnelles agricoles qui ont jusque là laissé bien peu de place au pluralisme dans les instances qui gèrent les productions.
Une forme de "révolution culturelle" semble être en marche dans la tête des responsables de l'APLI. Seront-ils disposés à imaginer une autre approche de l'agriculture qui garantisse autant la production, l'environnement et le maintien de l'emploi ?
C'est comme cela que nous verrons si les choses peuvent réellement changer.

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B
<br /> Je suis agriculteur à Montreuil-poulay ,je fais la grève depuis 15 jours j'ai 155000l de quatas et 2 poulaillers de loué.<br /> Très bien votre article pourvu qu'il soit suivit d'actes<br /> vous nous avez compris maintenant il faut agir<br /> Jean Guillaume Bruneau<br /> <br /> <br />
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