Transition énergétique, où es-tu ?
Décidemment, en France c'est toujours pareil, dès qu'il s'agit de l'énergie, il y a de beaux discours, et au final c'est le nucléaire qui gagne !
Ah! çà, des renouvelables, on en mange à toutes les sauces. Des plans climats par ci, des débats régionaux sur l'énergie par là, pas une occasion n'est perdue pour affirmer haut et fort la volonté d'entrer dans la "transition énergétique". Et puis, promis juré, nous allons respecter les engagements, du Grenelle, de Kyoto, et j'en passe. Seulement voilà, les paroles, c'est bien, même les actes, c'est mieux !
C'est dans ce contexte que, début janvier dernier, Delphine Batho avait choisi de venir rendre visite à l'entreprise MPO à Villaines-la-Juhel, au nord-est de la Mayenne. Sa venue avait été perçue à l'époque comme une réelle reconnaissance de l'engagement des dirigeants de l'entreprise et de la filière photovoltaïque toute entière pour le développement de panneaux de qualité, en France et en Europe. Même si très peu d'annonces avaient été faites à cette occasion, nous avions compris que des mesures favorisant les produits Européens seraient prises. Elles l'ont été, mais la crise n'est pas résolue pour autant.
Tout le monde savait que de simples mesures de protection de l'activité industrielle ne suffiraient pas à relancer une filière mise à mal par les dispositions catastrophiques du moratoire qu'avait décidé le gouvernement Fillon en 2010. Tout est à reconstruire, y compris la confiance des acheteurs qui ne savent plus à quels saints se vouer concernant le tarif de rachat de l'électricité solaire.
Et pour reconstruire cette industrie, il faut des moyens financiers, de gros moyens financiers.
C'est ainsi que nous avons vu naître la fameuse BPI (banque publique d'investissement) dont le rôle affiché est bien de soutenir en les finançant, les entreprises innovantes et particulièrement celles qui se tournent vers l'économie verte et la transition énergétique. Nous allions voir ce qu'on allait voir ! La croissance était au bout du chemin...
Pourtant, après de nombreux mois, MPO ne semble rien avoir vu venir. Et l'annonce de 90 suppressions de postes vient d'être faite.
Il y a de quoi être en colère. Notre territoire du nord-est Mayennais est déjà depuis quelques années dans une spirale négative. MPO elle même connait des difficultés dues à l'évolution du marché de leur activité historique du disque. Peut-être que le nécessaire n'a pas non plus été fait localement pour accompagner la création de nouvelles entreprises. Toujours est-il que cette annonce arrive dans un très mauvais moment et nous ne pouvons pas la déconnecter des promesses non tenues par le gouvernement dans le domaine des renouvelables.
Les discours nous ont nourris. Nous y avons adhéré parce que si croissance il doit y avoir, c'est autour de la question énergétique qu'elle prend le plus de sens. Nous les avons soutenus, parce que cette industrie que l'on peut classer dans l'économie verte n'est pas balbutiante, qu'au contraire, elle génère dans d'autres pays des gains de productivité considérables et que nous ne sont pas plus sots que d'autres.
Inutile de continuer à nous bercer d'illusions si nous ne sommes pas capables de soutenir des projets aussi aboutis que l'est celui de MPO dans le photovoltaïque. Il est donc urgent de faire bouger les lignes. Les promoteurs de l'EPR ne semblent pas rencontrer de difficultés pour lever des fonds énormes qui ne sont consacrés qu'au comblement du surcoût d'une installation dont personne ne peut garantir un fonctionnement correct et qui d'ores et déjà nous laisse entrevoir un coût du Kwh bien supérieur à celui que nous connaissons aujourd'hui. Pourquoi alors ne serait-il pas possible d'accompagner des projets infiniment moins risqués et qui génèrent de l'activité économique beaucoup mieux répartie sur le territoire ?
Tout cela est une volonté politique. Le gouvernement l'affiche. Alors, aux actes maintenant !
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