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Transition énergétique, où es-tu ?

23 Mai 2013 , Rédigé par Daniel Lenoir

Décidemment, en France c'est toujours pareil, dès qu'il s'agit de l'énergie, il y a de beaux discours, et au final c'est le nucléaire qui gagne !

Ah! çà, des renouvelables, on en mange à toutes les sauces. Des plans climats par ci, des débats régionaux sur l'énergie par là, pas une occasion n'est perdue pour affirmer haut et fort la volonté d'entrer dans la "transition énergétique". Et puis, promis juré, nous allons respecter les engagements, du Grenelle, de Kyoto, et j'en passe. Seulement voilà, les paroles, c'est bien, même les actes, c'est mieux !

C'est dans ce contexte que, début janvier dernier, Delphine Batho avait choisi de venir rendre visite à l'entreprise MPO à Villaines-la-Juhel, au nord-est de la Mayenne. Sa venue avait été perçue à l'époque comme une réelle reconnaissance de l'engagement des dirigeants de l'entreprise et de la filière photovoltaïque toute entière pour le développement de panneaux de qualité, en France et en Europe. Même si très peu d'annonces avaient été faites à cette occasion, nous avions compris que des mesures favorisant les produits Européens seraient prises. Elles l'ont été, mais la crise n'est pas résolue pour autant.

Tout le monde savait que de simples mesures de protection de l'activité industrielle ne suffiraient pas à relancer une filière mise à mal par les dispositions catastrophiques du moratoire qu'avait décidé le gouvernement Fillon en 2010. Tout est à reconstruire, y compris la confiance des acheteurs qui ne savent plus à quels saints se vouer concernant le tarif de rachat de l'électricité solaire.

Et pour reconstruire cette industrie, il faut des moyens financiers, de gros moyens financiers.

C'est ainsi que nous avons vu naître la fameuse BPI (banque publique d'investissement) dont le rôle affiché est bien de soutenir en les finançant, les entreprises innovantes et particulièrement celles qui se tournent vers l'économie verte et la transition énergétique. Nous allions voir ce qu'on allait voir ! La croissance était au bout du chemin...

Pourtant, après de nombreux mois, MPO ne semble rien avoir vu venir. Et l'annonce de 90 suppressions de postes vient d'être faite.

Il y a de quoi être en colère. Notre territoire du nord-est Mayennais est déjà depuis quelques années dans une spirale négative. MPO elle même connait des difficultés dues à l'évolution du marché de leur activité historique du disque. Peut-être que le nécessaire n'a pas non plus été fait localement pour accompagner la création de nouvelles entreprises. Toujours est-il que cette annonce arrive dans un très mauvais moment et nous ne pouvons pas la déconnecter des promesses non tenues par le gouvernement dans le domaine des renouvelables.

Les discours nous ont nourris. Nous y avons adhéré parce que si croissance il doit y avoir, c'est autour de la question énergétique qu'elle prend le plus de sens. Nous les avons soutenus, parce que cette industrie que l'on peut classer dans l'économie verte n'est pas balbutiante, qu'au contraire, elle génère dans d'autres pays des gains de productivité considérables et que nous ne sont pas plus sots que d'autres.

Inutile de continuer à nous bercer d'illusions si nous ne sommes pas capables de soutenir des projets aussi aboutis que l'est celui de MPO dans le photovoltaïque. Il est donc urgent de faire bouger les lignes. Les promoteurs de l'EPR ne semblent pas rencontrer de difficultés pour lever des fonds énormes qui ne sont consacrés qu'au comblement du surcoût d'une installation dont personne ne peut garantir un fonctionnement correct et qui d'ores et déjà nous laisse entrevoir un coût du Kwh bien supérieur à celui que nous connaissons aujourd'hui. Pourquoi alors ne serait-il pas possible d'accompagner des projets infiniment moins risqués et qui génèrent de l'activité économique beaucoup mieux répartie sur le territoire ?

Tout cela est une volonté politique. Le gouvernement l'affiche. Alors, aux actes maintenant !

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M
Une bonne estimation du coût de l'électricité EPR avait été faite plusieurs mois avant le rapport de la Cour des comptes, avec 81 €/MWh pour un coût de construction de six milliards d'euros.<br /> <br /> Aujourd'hui, on trouve sur le même site l'évaluation de 107 €/MWh pour un coût de construction de l'EPR devenu 8,5 Md€. A supposer que ce coût n'augmente pas encore d'ici sa mise en service commercial début 2017 (être &quot;terminé&quot; en 2016 est trop vague).<br /> <br /> http://energeia.voila.net/electri/cout_electri.htm <br /> <br /> Dans le même temps, le coût de production de l'électricité photovoltaïque a fortement diminué. En Allemagne, pays moins ensoleillé que le notre, le tarif d'achat est de 106 €/MWh pour les installations solaires de 1 à 10 MWc en juin 2013. Pour les plus petites installations, sur le toit des chaumières, c'est 154 €/MWh, mais l'intégration au bâti n'est pas obligatoire (les toitures en chaume se font rares mais isolent très bien les habitations).<br /> <br /> En France, le tarif T5 pour les installations de plus de 100 kWc permettait de réaliser 80% de la puissance installée à un coût raisonnable (102 €/MWh au début du 4e trimestre 2012). Le nombre important de projets entrés en file d'attente montrait que ce tarif était viable, sans trop impacter sur le CSPE.<br /> <br /> La brusque baisse de 20% du tarif T5 (82 €/MWh début 2013) avait pour objectif délibéré de rendre impossible de telles réalisations, comme cela est écrit sur le site du ministère.<br /> <br /> A propos, la rumeur britannique cite un tarif d'achat de 90 à 100 £/MWh (110 à 120 €/MWh) pour le nucléaire EPR, complété par une garantie de l'Etat pour les emprunts (ce qui réduit les coûts financiers). A moins qu'EDF n'obtienne pas gain de cause et abandonne.
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