Les gros paysans manifestent contre les petits paysans !
C'est ce que, de manière à peine caricaturale, nous pourrions dire des événements qui ont marqué le milieu de cette semaine autour de la capitale.
Nous avons assisté en effet, à des démonstrations de corporatisme exacerbé au point de voir les agriculteurs céréaliers, s'opposer, contre l'avis même de leur syndicat national, à une modeste redistribution des aides de la Politique agricole commune (PAC) en faveur de leurs collègues éleveurs.
Rares sont les professions aussi protectrices de leurs propres intérêts. Ils ne sont pourtant pas sur la paille, les céréaliers Français. L'histoire de la PAC a fait d'eux, les principaux bénéficiaires des aides Européennes. Il faut dire qu'étant à peu près tous installés autour de Paris et suffisamment organisés en lobbys, ils n'avaient pas eu de difficultés à tordre le bras des négociateurs de Bruxelles et de Paris lors de la mise en place des droits à paiement unique (DUP) pour leur garantir une subvention dite "compensatrice", versée à l'hectare et sans limites de surface.
Ces primes annuelles correspondaient à l'origine à une compensation sensée couvrir la baisse des prix des produits, en l’occurrence, des céréales, au moment où l'Europe cessait son soutien aux prix agricoles.
En règle générale, le montant des aides représentait entre 300 et 350 € par hectare. Cerise sur le gâteau des céréaliers Beaucerons, ce montant était supérieur au montant attribué à toutes les autres régions du pays. En effet produisant plus de quintaux à l'hectare dans les secteurs de plaines, ils arguaient du fait que la disparition des soutiens aux prix, les impactait plus qu'ailleurs... CQFD !
Les évolutions de la PAC qui ont suivi, ont toutes confirmé ces dispositions. C'est peut-être ce que l'on appelle chez d'autres catégories : "le maintien des avantages acquis ?".
Pourtant, les choses ont bien changé au fil du temps. D'une période de pénurie de céréales à l'échelle mondiale, qui engendrait des prix bas, nous sommes passés à une période beaucoup plus tendue à cause, à la fois de difficultés climatiques de certaines régions du monde et d'une arrivée sur le marché, d'acheteurs des pays émergents. Le cours des céréales a donc connu des fluctuations à la hausse qui ont pu, dans certains cas d'ailleurs, créer de réelles difficultés allant jusqu'à des "émeutes de la faim" dont vous avez sans doute entendu parler. La spéculation s'est également installée sur ce secteur alimentaire et nous avons connu des périodes de folie où les céréales pouvaient changer de mains en quelques clics, sans quitter leur silo. Le summum étant la vente de la récolte avant même que la parcelle soit semée...
En toute logique, ce retournement de tendance du marché des céréales aurait du avoir pour conséquence au moins une re-discussion des soutiens publics, puisqu'ils n'étaient plus justifiés de la même manière. Mais, alors que de nombreuses voix s'élevaient, quelque soient les tendances syndicales, chez les éleveurs qui subissaient de plein fouet l'augmentation du prix des aliments du bétail, pour une nouvelle répartition des aides Européennes, les lobbys céréaliers faisaient barrage à toute négociation.
Mais l'Europe a évolué. La France y occupe certes une place prépondérante sur le plan agricole, mais d'autres pays sont venus et la position de statut quo devenait impossible, tant elle apparaissait aux yeux de tous, comme une injustice et une gabegie d'argent public en direction d'une catégorie d'agriculteurs qui ne donnaient pas l'impression d'être dans le besoin.
Les négociations de la PAC ont donc abouti à une refonte du mode de redistribution des aides qui favorise un peu plus les éleveurs. Et puisqu'il n'était pas concevable que cela se fasse en augmentant le budget agricole déjà considérable (près de 50 milliards d'euros chaque année sur les 145 milliards du budget Européen), il a fallu réduire la part des céréaliers. Précision supplémentaire, la France qui reçoit de l'ordre de 14 à 15 milliards chaque année de l'Europe en consacre plus de 9 milliards à l'agriculture et il est courant d'entendre que plus de 70 % de ces 9 milliards sont "captés" par les 30 % d'agriculteurs des plus gros.
Ce qu'a fait l'Europe n'est donc que justice. Et je fais partie de ceux qui disent qu'il était grand temps que cela bouge.
Voilà pourquoi ces démonstrations de force des agriculteurs avec des tracteurs et des engins dont le prix dépasse souvent celui de vos maisons, me paraissent indécentes. Elles le sont d'autant plus qu'au même moment, de nombreux Français connaissent des difficultés autrement plus importantes. Pour eux, le question n'est pas de savoir s'ils vont pouvoir acheter un appartement de plus, mais tout simplement, s'ils vont pouvoir payer leur loyer.
De plus un accident mortel est venu compléter le discrédit de ces actions auprès de la population. Certains mayennais, peut-être insomniaques et sans doute embarrassés avec leurs vieux pneus, ont cru bon, malgré l'impopularité évidente, de relier ces coups de force devant la Préfecture. Difficile de faire mieux pour se tirer une balle dans le pied dans un pays d'élevage. Heureusement, ils n'étaient pas nombreux !
Assez !
Le climat actuel est délétère !
Il y a bien sûr les contestations tous azimuts concernant les taxes, les écotaxes et toutes les décisions du gouvernement... Mais il y a surtout des propos qui sont totalement insupportables et qui visent une ministre, non pas pour son action, mais pour sa couleur de peau.
Ceci est inadmissible, comme cela le serait d'ailleurs, même s'il ne s'agissait pas d'une ministre.
Les propos de cette élue du FN concernant Christiane TAUBIRA étaient déjà très au delà de l'acceptable. Ils avaient été condamnés un peu mollement à mon goût.
Il y a eu ensuite cette gamine Angevine d'une insolence extrême qui, avec l'assentiment évident de ses parents s'est permise des insultes ignobles, surtout quand cela sort de la bouche d'un enfant.
Et puis évidemment, le torchon "minute", celui dont Pierre Desproges disait qu'en le lisant vous aviez 2 bouquins en même temps : "La Nausée" et "Les Mains sales"... Ce torchon donc, s'est cru autorisé à se faire de la pub en reprenant les propos de la gamine.
Alors trop c'est trop !
Je ne suis pas de ceux qui croient que le racisme progresse dans notre société. Soyons honnêtes, il a toujours existé. Mais nous observons par contre une libération de la parole qui fonctionne toujours de la même manière. Dès qu'une digue semble tomber, dès que certains osent, d'autres s'engouffrent dans la brèche ouverte pour tenter d'enfoncer leurs pourritures un peu plus loin.
Bien sûr, la loi doit être un outil pour remettre ces gens là au rang de ce qu'ils sont. Bien sûr, ces propos et ceux et celles qui les tiennent doivent être condamnés pénalement parce qu'il s'agit de délits. Mais il faut faire plus et c'est notre responsabilité à tous.
Les réactions ont été un peu trop tardives ! Je dois dire et vous l'avez peut-être déjà compris, que ce qui m'a choqué le plus ce sont les propos puériles mais violents que nous avons entendus à Angers.
Je ne comprends pas que dès ce moment là, les autorités n'aient pas senti qu'un cap était franchi. Personne me fera croire que cette enfant de 12 ans a agi seule. Elle a des parents. Que je sache, les parents sont responsables des actes de leurs enfants. Or, ce qu'elle a dit est un délit. Ceci nécessitait donc une sanction appropriée. A côté de tels comportements, le vol d'un pain au chocolat fait pâle figure. Ces parents qui laissent, voire même, qui incitent à de telles attitudes, ne sont pas dignes d'assurer l'éducation de leurs enfants. La protection infantile devrait être saisie face à des comportements de la sorte. ce serait une première étape. Cette enfant qui vit dans un milieu où la haine de l'autre est à ce point développée est en danger pour elle-même. Or, personne ne semble avoir voulu aller sur ce terrain. c'est regrettable !
Et puis, il y a eu cet engrenage. Alors à ma modeste place, avec mes modestes moyens je veux dire mon horreur de tels propos et de tels comportements. Je crois que cela doit être le devoir de chaque personne de dire, là où elle est, avec les moyens qu'elle a, à son voisin, à ses amis, à celles et ceux avec qui elle parle, que ces propos sont inacceptables.
Inacceptable, veut bien dire que nous n'acceptons pas. Nos moyens sont plus forts que nous le croyons. Nous sommes heureusement beaucoup nombreux à être outrés. c'est pourquoi je crois à la force collective des humanistes. Partout où nous sommes, condamnons ces attitudes. En parlant, nous reformons la "digue" qui constituait le "vivre ensemble" si indispensable à l'équilibre de nos sociétés. Il est temps ! N'attendons pas qu'il soit trop tard !
L'écotaxe : Comment est-ce possible ?
Voilà une affaire qui avait été initiée par le gouvernement précédent. Qui était le fruit d'une forme de consensus à l'occasion du Grenelle de l'environnement conduit par Jean Louis BORLOO. Qui avait reçu l'assentiment de la quasi totalité des départements de France au moment où ils ont défini les routes départementales taxables. Et malgré cela, le gouvernement Ayrault a réussi l'exploit de concentrer toutes les critiques contre lui à propos de cette taxe poids lourds. Une catastrophe !
Comment a-t-on pu en arriver là ?
Déjà, sous Sarkozy, quelques critiques étaient nées sur la mise en oeuvre de ce nouvel impôt. Non pas vraiment sur le fond, mais plutôt sur la manière de le prélever. Ceci avait entraîné un premier report qui semblait destiné simplement à un meilleur calage du mode de prélèvement. Puis, la gauche est arrivée aux affaires, avec son allié écologiste. De quoi nous faire imaginer un règlement rapide de ce dossier. Il n'en a rien été. Les hésitations ont été au moins aussi importantes qu'avec le gouvernement précédent. De nouvelles reculades ont eu lieu avec des exonérations en particulier pour les territoires les plus excentrés du pays. La Bretagne en bénéficiait déjà. Des approximations sont apparues également, laissant planer le doute quant à la réelle volonté du gouvernement de mettre en place ces mesures en faveur du fret ferroviaire et fluvial. Et puis la confiance de la population vis à vis du gouvernement a continué de s'effriter et la brèche ouverte par les Bretons a fini par créer un climat qui rendait impossible le maintien de l'écotaxe poids lourds.
Pourtant, cette mesure comporte, à mon sens, un réel avantage pour notre activité économique, y compris pour l'activité des transporteurs Français.
Nous avions là, une mesure qui pouvait enfin faire participer les transporteurs étrangers, venant de Pologne, de Bulgarie, de République Tchèque, etc... à l'entretien des routes qu'ils contribuent à dégrader. En effet, sur les 800 000 camions qui circulent sur les routes de France, plus de 200 000 sont immatriculés hors de France. Ces transporteurs, qui sans vergogne, viennent assurer du transport sur notre territoire, en y faisant même quelquefois du cabotage, en rémunérant leurs salariés aux conditions de leur pays d'origine, ne dépensent souvent, même pas l'équivalent du prix d'un sandwich sur le sol Français. Pourtant ils sont les premiers à faire l'impasse sur les autoroutes. Ce faisant, ils parcourent les routes Nationales et les Départementales les plus importantes, pour éviter les péages.
L'écotaxe : un sujet très concret !
C'est ainsi que nous observons très concrètement que de nombreux camions étrangers transitent par le Pont de Pritz à Laval, puis par la rocade, pour rejoindre, soit Le mans par la RD 57 (ancienne N157), soit la Bretagne, par la RD 57 encore, mais à l'ouest cette fois et jusqu'à La Gravelle, puisque c'est la porte d'entrée de la Bretagne et comme vous le savez, grâce au Général De Gaulle, les autoroutes Bretonnes sont gratuites.
C'est pour cela que nous avions décidé en 2011, lors d'une réunion du Conseil général et après une première tentative lamentable qui avait échoué quelques mois auparavant (cf: l'article en pièce jointe que j'avais publié après ce premier échec), de faire apparaître la RD 57 comme taxable au titre de l'écotaxe poids lourds, sur toute sa longueur, de son extrémité ouest, côté Bretagne, jusqu'à la limite avec la Sarthe, sachant que le Département de la Sarthe prenait lui aussi la même disposition. Cette décision ne répondait qu'à une seule préoccupation, celle de dissuader les transporteurs peu scrupuleux de venir détériorer notre réseau départemental et encombrer des axes déjà très chargés. Accessoirement, cette mesure représentait une recette de plus d'un million d'euros que nous aurions affectée évidemment à l'entretien des routes départementales. Nous voilà donc démunis de cette recette et nous allons devoir continuer de demander aux seuls Mayennais, y compris les transporteurs locaux bien entendu, de contribuer par leurs impôts, en regardant leurs concurrents étrangers venir leurs tailler des croupières avec des prix cassés.
Nous voyons là très clairement que la mondialisation doit nous amener à modifier considérablement la manière de faire porter les charges, qu'elles soient sociales ou qu'elles soient fiscales. La concurrence n'est plus seulement le fait de son voisin immédiat qui paye les mêmes impôts et les mêmes cotisations sociales que vous. Elle est maintenant le fait d'entreprises qui détournent souvent les règles en s'immatriculant à l'étranger, ou tout simplement d'entreprises étrangères qui ont vu l'aubaine. Notre responsabilité est donc de faire évoluer les choses pour limiter ces risques de concurrence qui ont un caractère très déloyal. La taxe poids lourds devait y contribuer. C'est raté ! Sans doute aurait-il fallu pour qu'elle soit mieux admise, accepter de réduire les charges qui pèsent sur les seules entreprises du pays, de manière à ce que la nouvelle taxe soit neutre pour les transporteurs locaux et qu'au contraire, elle soit "pénalisante" pour leurs concurrents étrangers, sans qu'ils aient l'obligation de la répercuter auprès de leurs clients. Or, le gouvernement qui ne veut rater aucune occasion de percevoir plus d'impôts, l'a conçue comme une taxe additionnelle. Dans cette ambiance d'overdose fiscale, l'écotaxe était une proie facile pour les opposants.
Un transfert vers le ferroviaire et le fluvial.
C'était l'autre objectif. C'est d'ailleurs celui qui a été le plus développé par les tenants de la taxe. Mais j'y vois plus d'idéologie que de pragmatisme. Le passage du fret, de la route vers le rail ou le canal, est une idée noble à laquelle je souscris évidemment, mais elle se heurtera encore longtemps à des obstacles très concrets, y compris l'engorgement des voies ferrées avec des difficultés grandissantes pour trouver des créneaux entre les TGV ou les TER.
La LGV : Pas seulement pour aller plus vite à Paris !
Le plus insupportable dans cette histoire de combat régionaliste Breton contre l'écotaxe, c'est que la Bretagne est aujourd'hui la région qui voit le plus gros investissement ferroviaire se faire, pour la relier plus rapidement à la capitale, au reste du pays et à l'Europe toute entière. Tout cela quand même, pour la bagatelle de 3,5 milliards d'euros, payés par tous les contribuables Français. Mais elle permet aussi de créer des "sillons" nouveaux pour le fret sur l'ancienne voie qui ne verra plus passer le TGV. Ainsi, la Bretagne aura au printemps 2017, ce que beaucoup en France, voudraient bien avoir. Alors, que l'on nous dise que l'économie Bretonne va mal, c'est d'accord ! Encore faudrait-il accepter une analyse détaillée d'un système productiviste qui n'a pas besoin des "normes" pour se fracasser contre un mur. Mais que l'on nous dise que c'est à cause de l'écotaxe, devient incohérent et douteux.
Article du blog publié le 08 novembre 2010
Eco-taxe poids lourds : Beaucoup d'incohérences !
Il y a comme cela des sujets en séance publique du Conseil général qui peuvent passer sans coup férir, et il y en a d'autres qui parce qu'une voix s'élève, deviennent une affaire d'état !
Indiscutablement, la question de l'éco-taxe pour les poids lourds de plus de 3,5 t circulant sur nos routes départementales principales fait partie de la deuxième catégorie.
Il aura suffit d'une remarque un tant soit peu "populiste" de la part de mon collègue Alain GUINOISEAU (Debout la république) pour faire déraper ce dossier qui avait pourtant été traité en commission "aménagement des territoires" sans susciter d'opposition particulière.
"Voilà un impôt nouveau!" s'est exclamé A. GUINOISEAU.
La Gauche, qui a "fait le job", comme ils disent, a emboité le pas, mettant en cause l'imprécision dont faisait preuve le rapport en particulier sur l'utilisation des fonds collectés, parce qu'en effet il y a du grain à moudre dans cette affaire qui aurait pu rapporter plus d'1 million d'euros au département.
Mais la position la plus étonnante est venue du seul écolo estampillé "vert", l'ami Claude GOURVIL.
A son tour il est monté au créneau pour "flingué" la proposition d'instituer cette éco-taxe sur les 52 km de la RD 57 qui relie la Sarthe à l'Ille et Villaine à travers la Mayenne. A n'y rien comprendre !
J'ai repris depuis les différentes déclarations des associations environnementales qui avaient fait de cette affaire une pierre angulaire du grenelle au plan national.
Elles ne sont jamais équivoques. L'éco-taxe poids lourds est pour elles une vraie mesure anti "gaz à effet de serre".
Contrairement à ce que l'on peut rencontrer dans certains décrets et certaines circulaires liées à l'environnement, cette mesure proposée au département de la Mayenne était extrêmement mesurée.
L'éco-taxe consiste à faire payer, grâce au télépéage, l'usage par les poids lourds de plus de 3.5 t du réseau routier national non concédé et une partie du réseau local susceptible de subir un report de trafic. C'est pour cela que le président du Conseil général avait demandé l'inscription de plusieurs tronçons, dont la RD 31 vers Ernée et la RD 771 vers Craon. De son côté, l'état limitait sa proposition à la RD 57 (ancienne RN 157), seul axe susceptible de servir d'itinéraire de substitution à l'autoroute A81. C'est cette proposition qui était soumise à notre vote.
Que va-t-il donc se passer ?
L'état lui, ne va pas se gêner pour appliquer cette taxe sur ses routes nationales.
La RN 12 va donc être concernée dans toute sa portion mayennaise, ainsi que la RN 162 entre Mayenne et le Maine et Loire. Mais il gardera bien sûr les recettes pour lui.
Il dissuadera peut-être quelques camions de fréquenter ses axes. Il leur restera donc la possibilité de venir sur nos routes départementales. Les transporteurs seront tout autant impactés.
De notre côté, nous nous interdirons une recette qui était évaluée à plus de 1 million d'euros par an. De quoi donner pourtant un bon coup de pouce à notre budget des routes au moment où nous ne sommes plus en mesure d'entretenir convenablement notre réseau départemental de 2ème et 3ème catégorie.
On a beau nous expliquer, comme le fait Norbert BOUVET (UMP) qu'il faut cesser d'appliquer des impôts supplémentaires aux entreprises. Ces dernières n'oublieront pas de répercuter cette charge nouvelle sur leur prestation et donc sur les prix des produits payés par les consommateurs. Et au surplus, la recette escomptée dans ce nouveau dispositif représente 3% de l'impôt des mayennais.
Voilà aussi une belle incohérence de la part de l'élu UMP. N'est-il pas le premier à réclamer des moyens supplémentaires pour les routes départementales ? Cette proposition n'émane t elle pas d'un gouvernement qu'il soutient ?
Vous avez donc le choix : Ou vous appliquez cette taxe aux entreprises de transport dont bon nombre ne font que transiter par notre département, et vous évitez l'usage abusif de nos départementales par des poids lourds, au profit de l'autoroute dont nous n'avons pas l'entretien ?
Ou vous payez vous-même les 3% d'impôt équivalent ?
Mon choix est fait parce que je sais que le passage des camions qui veulent éviter de payer l'autoroute et qui empruntent la RD 57, le contournement de Laval et le pont de Pritz impactent sérieusement l'état des chaussées. Ne dit-on pas que le passage d'un seul camion semi-remorque équivaut au passage de 100 000 voitures individuelles ?
Je sais aussi que les moyens nécessaires pour l'entretien de cette voirie sont autant de moyens en moins pour les autres routes du département.
Nous en reparlerons, j'en suis sûr. Peut-être que mes collègues auront évolué ?
La France en face : A la limite de la caricature !
C'est à Villaines-la-Juhel en Mayenne que les journalistes de France 3 ont choisi de tendre leurs micros et de faire tourner leurs caméras pour illustrer les difficultés que connaissent bon nombre de Français, y compris dans nos campagnes, jusque là préservées et plutôt agréables à vivre. Les exemples sont incontestables et l'on comprend bien que la simple lecture des statistiques ne suffit pas à résoudre les problèmes de celles et ceux qui sentent le sol se dérober sous leurs pieds.
La Mayenne s'est souvent distinguée par sa discrétion (pour vivre heureux vivons cachés...). Mais elle est aussi apparue à juste titre d'ailleurs, comme une terre modérée, où le chômage y était très faible (l'un des plus faible de France), avec un taux qui malgré une progression importante n'atteint encore que 7,2 % sur le département (Voir la note de conjoncture en pièce jointe).Elle détient ou a détenu également d'autres records comme le taux de natalité qui à la fin des années 2000 mettait notre département en tête de tous les départements de France pour le nombre d'enfants nés, par rapport au nombre de femmes en âge de procréer. Elle a été longtemps le département où l'espérance de vie des femmes était la plus importante. Cela reste vrai même si la Mayenne n'est peut-être plus exactement à la première place. Et dernier chiffre, ses enfants connaissent un taux de réussite au bac au dessus de la moyenne. Seulement voilà, les statistiques ne sont pas tout et vous pouvez toujours tenter d'expliquer à quelqu'un que 95% des personnes ont un travail, s'il fait partie des 5% restants sur le carreau, cela ne le rassurera pas beaucoup.
Des exemples pour confirmer la théorie, ou une théorie étayée par des exemples ?
En regardant l'émission d'hier, la question se pose, d'autant que je ne suis pas convaincu que les quelques tentatives de réponses évoquées, soit par les chercheurs, soit par les politiques, dans le débat qui a suivi, soient très adaptées.
Personne ne conteste que nos territoires ressentent maintenant eux aussi un sentiment d'abandon. Les scores du FN sont à ce titre très évocateurs dans un territoire où le taux d'immigrés est là encore un des plus faibles et où les immigrés en question sont très majoritairement ... des anglais. La vie est dure pour tout le monde et alors que nous pouvions encore à peu près bien nous en sortir dans nos campagnes quand il y avait du travail intérimaire, nous observons que l'éloignement devient un vrai handicap quand l'emploi se fait plus rare.
Le problème n'est donc pas me semble-t-il la question d'une absence de services publics, comme le disait de manière un peu péremptoire, Cécile DUFLOT au moment du débat.
Une maison des services publics, il y en a une ! Elle existe depuis près de 20 ans sous la forme d'un centre de ressources et a élargi récemment ses collaborations avec les différents services départementaux. Les collectivités locales n'ont pas attendu ces "bons" conseils pour agir, mais cela ne suffit pas, la preuve !
La question des déplacements est par contre une vraie difficulté quand l'argent vient à manquer pour entretenir une voiture. Parce que je veux bien que l'on imagine des circuits d'autocars dans tous les bourgs de la Mayenne avec une cadence minimum d'un toutes les heures, (il faudrait cela pour répondre aux besoins), mais il n'est pas difficile de vous expliquer qu'il s'agirait de la plus grosse gabegie financière et environnementale que nous pourrions faire.
Nous y avons pourtant travaillé. Notre département fait là encore office de pionnier avec son système du "petit pégase". Il parait que nous sommes le seul département à assurer un tel service de prise en charge à domicile pour se rendre dans la ville ou le bourg-centre le plus proche, pour la modique somme de 2 €. Seule difficulté, et j'en suis conscient, ces services n'existent que sur 4 demi-journées, mais leur extension est tout à fait possible avec le soutien des communautés de communes qui le souhaiteraient. Des discussions sont en cours à ce sujet sur certaines parties du territoire Mayennais. Mais cela ne suffira pas non plus. Il faut se rendre à l'évidence. La vie à la campagne implique des déplacements individuels et seule la voiture ou le deux roues peuvent répondre à cela. Il faut donc travailler au rapprochement des personnes qui se déplacent sur un même secteur. Il en va de l'économie en faisant voiture commune, au moins sur certaines portions du trajet, il en va de l'écologie et il en va aussi de l'amélioration du lien social. Pas négligeable quand les personnes ressentent de plus en plus d'isolement alors que la campagne restait , il y a peu, encore, un endroit où les habitants ne s'ignoraient pas.
Mais la question majeure, que j'ai trouvée bien éludée dans le reportage et dans le débat qui a suivi, c'est la question de la perte des emplois sur notre territoire et pas n'importe quels emplois, les moins qualifiés.
Savez-vous que le secteur de Villaines-la-Juhel a été jusque dans les années 2008/2009, le secteur de la Mayenne où le taux de chômage était le plus faible. Il y avait le plein emploi. Sur une ville d'un peu plus de 3000 habitants, nous comptions plus de 2500 emplois, tous secteurs confondus. L'industrie y représentait une place tellement importante que des personnes de la région Parisienne et d'ailleurs, venaient travailler le weekend, générant au passage de l'activité dans les structures d'hébergement du secteur. Notre territoire a été et est encore, malgré les difficultés apparues dans une des grosses entreprises du secteur, un territoire qui voit venir chaque matin plus de personnes pour leur travail qu'il n'en voit partir. Mais la crise est là. Et le secteur du support enregistrable (CD, DVD, Blue-Ray, de l'entreprise MPO) qui a été pendant plus de 30 ans pourvoyeur d'emplois, soit en CDI, soit en CDD, soit en intérim et ils étaient nombreux, connait un recul important de son activité. Evidemment, ce sont les personnes les plus fragiles qui ont été touchées en premier. Voilà comment, alors que tout semblait aller bien dans le meilleur des mondes, que les personnes aux bas salaires pouvaient elles aussi envisager une accession à la propriété, une région se retrouve démunie parce que l'emploi s'est éloigné.
Ce n'est pourtant pas faute de recherches et d'initiatives de la part de l'entreprise et de ses dirigeants, mais nous payons deux choses dont les effets sont simultanés : La première, c'est l'absence totale d'anticipation pour créer les conditions de la venue ou du développement d'activités et d'entreprises nouvelles. Je prends souvent l'image de la forêt où un gros arbre est entrain de perdre ses grosses branches et peut-être même de mourir, mais aucune jeune pousse n'a été plantée dessous pour le remplacer... Quand il disparaît, l'emplacement est nu pour longtemps... Et la deuxième chose, est de la responsabilité totale de nos gouvernements successifs. MPO a compris il y a longtemps que son activité principale connaîtrait un recul significatif au fil du temps. Ses dirigeants ont donc pris un tournant très important en se positionnant sur la production de cellules photovoltaïques, parce qu'il y avait une certaine proximité technique entre ces deux activités. Mais l'entreprise s'est rapidement heurtée à des mesures fiscales et des contraintes administratives qui ont, par ricochet, rendu les banques frileuses. La ministre de l'écologie et de l'énergie a beau être venue en janvier 2013 dans l'entreprise pour dire tout le bien qu'elle pensait de cette activité, rien n'a vraiment bougé pour relancer cette filière qui a pourtant tout pour elle. Elle cadre totalement avec les discours sur la transition énergétique, elle est un exemple idéal dans la lutte pour la relocalisation de la production industrielle et évidemment, elle éviterait de connaitre l'hémorragie d'emplois qui nous touche actuellement. Vous voyez que, compte tenu de ces perspectives de réindustrialisation à partir de la transition énergétique, j'attendais mieux d'une ministre écolo, qu'un discours convenu, inadapté et plaqué. Mais connait-elle notre campagne ? Connait-elle la vie économique des entreprises ? Certes, nous devons maintenir les services publics. Au passage, je rappelle que ce sont bien les collectivités locales, communes, communautés de communes et départements qui portent le plus souvent seuls, ces différents services que l'état abandonne dès qu'il faut faire quelques kilomètres hors des villes centres. Mais ils n'auront de raisons d'être que si les personnes qui veulent vivent dans nos campagnes, ou bien qui n'ont pas d'autres choix, peuvent y trouver un travail sans devoir faire des dizaines de kilomètres chaque jour.
La non réponse à toutes ces questions génère inévitablement un sentiment d'abandon et le pas devient plus facile à franchir pour dire son ras le bol quand les bulletins de votes sont devant nous , quitte à faire n'importe quoi, comme nous l'avons entendu hier soir.
La situation est forcément préoccupante pour quiconque veut s'intéresser à la vie de sa commune ou de son secteur. Elle ne peut pas être désespérée et je veux combattre tout défaitisme. Ne cédons pas non plus au catastrophisme. Les personnes les plus en difficultés ne nous le pardonneraient pas et elles auraient raison. N'acceptons pas non plus d'être caricaturés comme je pense nous l'avons un peu été hier soir. Regardons aussi les choses positives, d'autant que le même jour, paraissait sur Ouest France un article élogieux à propos d'un des fleurons de l'activité économique Villainaise, l'entreprise Tryba (Cf la deuxième pièce jointe).
Note de conjoncture de la maison de l'emploi de la Mayenne Juillet 2013